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pas introduire près de chez soi de nouveaux ennemis aussi fatigans que les premiers ?

Lorsque, dans les prés, dans les terres labourables, on trouve des fourmilières, ce n’est pas assez de les éparpiller, de jeter au loin les œufs & les brins de paille ; car les fourmis les rassemblent avec un zèle admirable ; il faut allumer de la paille sur la fourmilière. Il périt un grand nombre d’œufs, que ces insectes n’ont pas le temps d’enlever, & le feu s’insinuant dans les brins de paille, dépeuple en partie la fourmilière. Il est étonnant de voir la quantité de grains enlevés, par les fourmis, d’un champ qu’on vient de semer ; mais ne semez que ce que vous pourrez aussitôt recouvrir par un coup de charrue, & après cela avec la herse : ces insectes franchissant avec peine la terre nouvellement remuée, & les grains étant enterrés, ils seront obligés de porter ailleurs leurs pas. Les fourmilières font grand tort aux prairies. Le feu seul peut détruire les monticules qui servent de berceaux à leurs œufs, & où ils sont échauffés par la chaleur du soleil.

La Médecine tire parti des fourmis ; écrasées & macérées, dit M. Vitet, dans sa Médecine Vétérinaire, dans un véhicule aqueux, elles échauffent, augmentent le mouvement des artères, donnent de la vigueur à l’animal affoibli, excitent le cours des urines, & plus souvent la sueur. On estime beaucoup ce remède dans toutes les maladies de foiblesse, dans les maladies convulsives, spasmodiques, obstruction des viscères de l’abdomen, & particulièrement dans les maladies du foie de la brebis, causées par des alimens trop humides. La poudre de fourmis jouit de la même propriété, & même elle agit avec autant de force sur le bœuf, le cheval, la brebis, pour exciter la sueur, & remédier aux maladies du foie.

Prenez de fourmis une poignée ; triturez, ajoutez peu à peu d’eau pure ou d’infusion de racine d’angélique, une livre & demie ; exposez ce mélange à la chaleur du bain-marie pendant une heure. Il faut administrer ce remède, le matin à jeun, au cheval ou à la brebis ou au bœuf.

Prenez vers la fin d’octobre, une fourmilière & ce qui l’environne, excepté la terre ; faites sécher le tout au four dans un sac de toile humecté, de manière que la chaleur du four ne fasse que torréfier légèrement la toile ; au sortir du four réduisez la fourmilière en poudre subtile que vous conserverez ; conservez la poudre de fourmis dans un vase de verre exactement fermé : ensuite vous la mêlerez avec de l’avoine ou avec du sel. La dose est depuis trois onces jusqu’à demi-livre pour le bœuf & le cheval, & depuis deux onces jusqu’à quatre onces pour la brebis.


FOURMILIÈRE, Médecine Vétérinaire. C’est un vide qui se fait entre la chair cannelée & la muraille du pied, & qui règne ordinairement depuis la couronne jusqu’en bas. (Voyez Pied)

Cette maladie vient ou d’un coup sur la muraille, ou d’une altération du sabot, ou de son dessèchement, occasionné par un fer chaud que le maréchal aura fait porter trop longtemps sur le pied, ce qui produit le dessèchement des vaisseaux lymphatiques, en enlevant l’humidité