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en tous points, que faire se pourra. Si on a eu la précaution de semer des pépins chez soi, d’établir une pépinière, le choix sera facile. Je préfère les arbres greffés sur franc, à ceux greffés sur coignassier ; ils sont toujours plus forts, plus vigoureux, & surtout ils ont leur pivot.

Après les avoir plantés avec le plus grand soin, coupez la tige à quinze ou dix huit pouces au-dessus de terre. (Voyez Figure 6, Planche XV du mot Greffe, page 344). Sur cette hauteur il se formera quatre, six ou huit bourgeons, qui s’ouvriront pour donner des feuilles & des branches. Lorsque les bourgeons auront poussé & lorsqu’ils seront assurés, supprimez ceux de la partie supérieure AA ; à la fin de juin, supprimez les inférieurs BB : on les a conservés jusqu’à cette époque ; dans la crainte des accidens, on peut attendre jusqu’à l’époque du renouvellement de la sève, & l’arbre sera moins fatigué. Par ce retranchement, les bourgeons CC acquerront plus de consistance & plus de force. Un peu avant le renouvellement de la sève, faites, avec un instrument tranchant, en DD, une incision circulaire sur l’écorce, & qui pénètre jusqu’au bois ; on peut même enlever une partie de l’écorce sur une demi-ligne de diamètre. Cette petite soustraction de l’écorce fera refluer la nouvelle sève au profit des bourgeons CC, & empêchera le développement des nouveaux bourgeons sur la partie supérieure, à la ligne circulaire DD.

À la fin de l’hiver suivant, retranchez en D la partie supérieure de l’arbre ; recouvrez la plaie avec l’onguent de Saint-Fiacre (voyez ce mot), & il ne restera plus sur le tronc que les deux branches provenues des bourgeons CC. Si ces branches sont foibles, ravalez-les & ne laissez de chaque côté qu’un bon œil ou bourgeon sur chacune. Si, au contraire, elles sont fortes, proportionnées, bien nourries, laissez deux bourgeons. Il est certain que, dans cette seconde année, ils donneront chacun une bonne & forte branche, & votre arbre se présentera, à peu de chose près, comme dans la Figure 7. Je réponds que, suivant la qualité du terrain, ces branches auront surement trois à quatre pieds de longueur. Voilà déjà deux années écoulées & employées à préparer l’arbre pour disposer ses branches en haie. C’est à la troisième que commence réellement le travail.

Suivant le climat, suivant la saison, c’est-à-dire, lorsque la sève commence à monter des racines aux bourgeons, prenez les deux branches latérales AA de la Figure 7, & supprimez les autres branches ; faites-leur perdre peu à peu & doucement leur position oblique ou presque perpendiculaire, & ramenez-les insensiblement à une position presque horizontale, comme dans la Figure 4 ; réunissez leurs extrémités CC ; faites-les croiser l’une sur l’autre, afin de reconnoître où sera leur point de réunion ; marquez sur leur écorce, & avec un instrument tranchant, la disposition & l’espace qu’elles doivent occuper dans les points de leur réunion ; enlevez ensuite, avec cet instrument, sur chacune de ces branches, & dans une égale proportion, un tiers de leur diamètre, du côté qui doit correspondre au même côté de l’autre branche ; faites que ces deux entailles s’emboîtent & se touchent exacte-