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quelconque de la chaleur atmosphérique. Ainsi le degré de chaleur qui donne le premier branle à la végétation du pêcher, n’est pas suffisant pour donner la première impulsion la sève du pommier, du châtaignier, du mûrier, &c. Admettons pour un instant la possibilité de la greffe du pêcher sur le mûrier, admettons-la même bien reprise ; il est clair qu’à la seconde année elle fleurira en janvier, février ou mars, suivant la constitution de la saison ou du climat, tandis que la sève du mûrier ne sera en mouvement qu’à la fin de mars, ou au commencement d’avril : en attendant le concours de ses deux sèves, le pêcher fleurira à cause du degré de chaleur ambiante qui lui convient, il épuisera le peu de sève qu’il renferme, il sera dissipé, & le rameau desséché avant que la sève du mûrier soit en mouvement. Il en sera de ce bizarre assemblage, comme de l’arbre coupé & abattu pendant l’hiver, qui repousse au printemps, parce qu’il lui reste un peu de sève, & dont les petits rameaux se dessèchent lorsque l’humidité est dissipée par la chaleur de l’été. On a vu, au mot Amandier, p. 458 du premier volume, la belle expérience de M. Duhamel sur les effets de la chaleur ambiante.

De cet exemple extrême, descendons à un objet plus rapproché. Tout cultivateur sait, par exemple, que telle espèce de noyer pousse quinze jours, & même plus, après telle autre ; il en est ainsi des poiriers, pommiers, pruniers, &c. Il arrive de-là que le tardif ne prend point ou prend mal sur le hâtif. Le noyer, vulgairement appelé de Saint-Jean, ou le mayea dans d’autres endroits, parce qu’il pousse en mai, en offre la preuve. On doit donc craindre que, si le sujet est tardif & la greffe hâtive, ou la greffe tardive & le sujet hâtif, il n’y ait nécessairement dans les arbres à noyaux, une extravasions de sève qui produira la gomme, ou un dessèchement de la greffe dans le cas contraire. Je le répète, l’expérience & la pratique seules instruisent sur les principes de la greffe.


GRÊLE, Physique, Économie Rurale. La grêle n’est rien autre chose que les vapeurs aqueuses des nuages, condensées & réduites en glaçons, qui, par leur pesanteur, sont précipitées vers la terre. Ce funeste météore est accompagné & suivi communément de circonstances terribles ; c’est au sein des orages qu’il se forme, au milieu des tonnerres qu’il se prépare, parmi les nuages sombres & obscurs qui nous dérobent la clarté du jour, qu’une tempête impétueuse semble lancer de l’horizon : on apperçoit des petits nuages blanchâtres, leur vue jette l’effroi dans l’ame de l’habitant de la campagne, qui, instruit par l’expérience journalière, sait que ces nuages renferment dans leur sein un fléau d’autant plus terrible, qu’il ne produit ses ravages qu’au moment, pour ainsi dire, que l’espoir d’une brillante récolte consoloit le laboureur de ses peines & de ses fatigues. Déjà la foudre gronde au loin, les éclairs sillonnent les airs ; ces nuages blanchâtres s’étendent, deviennent plus considérables, se détachent des nuages obscurs qui les environnent, & descendent vers la terre ; un bruit sourd se fait entendre ; le cliquetis