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ligature dans le haut, qui intercepte toute communication avec l’air extérieur. À mesure qu’on a besoin de graisse, on dilate l’ouverture, & chaque fois on forme une nouvelle ligature. Ces vessies sont suspendues dans un lieu où la chaleur est modérée.

Toutes les fois que l’on fait bouillir la graisse, il s’en élève une vapeur suffoquante qui excite la toux, la cuisson des yeux, les larmes, &c. & l’on dit que ces effets sont dûs à l’acide qui se développe. C’est ce même sel, dit-on encore, sa réaction sur l’huile grasse qui cause la rancidité de la graisse. Je veux bien croire qu’il y contribue pour beaucoup ; mais je pense en même temps qu’on n’a pas assez examiné la nature des graisses & des huiles, & que la toux, la cuisson des yeux, la rancidité sont plutôt dues à la réaction d’une huile essentielle contenue dans la graisse, sur l’huile grasse qui constitue presque sa totalité. Cependant j’avoue n’avoir fait aucune expérience à ce sujet ; mais, à en juger par analogie avec les huiles tirées des graines, je puis répondre que c’est de la réaction dont il s’agit, ainsi que de la perte d’une partie de leur air de combinaison ou air fixe, que dépend la rancidité.

Autant la graisse étoit douce avant sa décomposition, autant elle est âcre & corrosive lors de sa rancidité : dès-lors on peut juger à quel point elle devient mal-saine.

La graisse, dans les animaux, comme dans l’homme, entretient la souplesse de chaque partie, & en facilite les mouvemens : sans la moelle, les os seroient plus cassans.

L’application des corps graisseux sur la peau, bouche ses pores, arrête la matière de la transpiration, contracte bientôt la rancidité s’il y a inflammation, & l’augmente singulièrement. On verra au mot Onguent, l’inutilité des applications des substances graisseuses & huileuses.


Graisse Du Vin. (Voyez le mot Vin).


GRAMEN, GRAMINÉE, plante. Nom générique que l’on donne à toutes les plantes qui composent les nombreuses familles des chiendents. (Voyez ce mot). De ce nombre sont les fromens, seigles, orges, avoines, les graminées dont les prairies sont composées, les millets, les bamboux, la canne à sucre, &c. &c. Ce qui les distingue, en général, des autres plantes, est d’avoir pour calice une balle, (voyez ce mot) ordinairement terminée par un filet pointu ou barbe, une tige articulée, & une feuille à chaque nœud qui l’embrasse par sa baie. C’est la famille des plantes la plus utile à l’homme & aux animaux, celle qui les nourrit. (Voyez à leur article la description de chaque plante graminée).


GRANGE. Bâtiment où l’on renferme les blés en gerbe & le foin. On a pris souvent mal-à-propos ce mot pour désigner le corps de ferme ou de métairie en entier. (Voyez Métairie).


GRANIT. Pierre communément fort dure, quelquefois susceptible du poli, formée par Passen-blage de petites pierres différemment colorées & liées ensemble par un ci-