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se fixent sur différentes parties du corps de l’animal.

La gourme qui se manifeste seulement par un simple écoulement d’humeurs par les naseaux, sans être accompagnée de fièvre, de dégoût, de battemens de flancs, de toux pénible &c., est facile à guérir. La maladie étant contagieuse, il faut séparer l’animal qui en est atteint de ceux qui ne le sont pas, le mettre à l’eau blanche ordinaire (voyez Boisson) & à la paille pour toute nourriture, le couvrir, lui envelopper la ganache d’une peau d’agneau, la laine en dedans, après avoir frotté le dessous de cette partie à l’endroit des glandes lymphatiques avec un peu d’onguent d’althéa. Si au milieu de la glande engorgée on sent une pelotte dure & que la douleur soit vive, il faut favoriser la formation du pus, en appliquant le cataplasme suivant :

Prenez quatre oignons blancs, faites cuire sous la cendre, pilez avec quatre poignées de feuilles d’oseille ; faites cuire le tout dans du sain-doux jusqu’à un épaississement convenable pour un cataplasme ; renouvelez-le deux fois par jour & jusqu’à ce que la suppuration soit établie.

Mais quant à la gourme qui se montre avec fièvre, dégoût, tristesse, battement de flancs, difficulté de respirer, toux pénible, elle est plus rebelle & difficile à guérir. J’ai hasardé quelquefois la saignée, lorsque la respiration étoit laborieuse & pénible, & j’en ai retiré le plus grand succès. Cette opération, bien loin d’empêcher, selon le préjugé ordinaire des maréchaux de quelques provinces, l’évacuation de l’humeur par les naseaux, l’a rendue au contraire très-libre & plus abondante. J’ai observé sur-tout que c’est le remède le plus prompt & le plus efficace pour abattre l’inflammation qui, dans la gourme de cette espèce, attaque aussi souvent des parties essentielles à la vie, telles que le poumon. Il faut encore faire respirer à l’animal la vapeur des décoctions des plantes émollientes, lui appliquer sur les glandes de la ganache des cataplasmes faits avec le lait & la mie de pain, & le faire boire tiède. Si l’écoulement se fait bien par les naseaux, on doit y injecter sur la fin, au moyen d’une petite seringue, deux fois par jour, la décoction ci-après :

Prenez orge entière, une poignée ; feuilles d’aigremoine ou de ronces, une poignée ; faites bouillir dans environ deux livres d’eau commune, & dissolvez dans la colature deux drachmes sel ammoniac.

On empêche par ce moyen les parties âcres de la matière qui flue par les naseaux de s’attacher à la membrane pituitaire, d’y former des ulcères & de produire la morve, comme il arrive quelquefois dans la gourme qui dure plus de vingt jours. J’ai observé, après M. la Fosse, que lorsque l’écoulement par les naseaux n’est pas assez abondant, un reste de la matière se fixoit sur le poumon. Le moyen le plus prompt en pareil cas, est de passer un cautère au-devant du poitrail ; il m’a réussi à merveilles dans deux chevaux de carrosse. M. T.


GOUSSE, Botanique. La gousse, ou le légume, est une espèce de péricarpe (voyez ce mot)