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GOBET, poire. (Voy. ce mot).


GODET. (Fleur en) Ce mot a deux acceptions ; l’une, pour les fleuristes qui désignent ainsi la partie d’une fleur qui soutient & renferme les feuilles de la fleur ; telle est, par exemple, la base de la fleur de la jacinthe. Les autres nomment fleurs en godet, celles qui sont d’une seule pièce, à découpures régulières, & qui forment une espèce d’entonnoir plus ou moins évasé ; telles sont les fleurs de la morelle à fruit noir, de la morelle grimpante, de la pomme de terre, de l’aubergine, &c.


GOÎTRE. Le goître est une tumeur indolente, mobile, assez considérable, ordinairement ronde, qui se fixe sur la partie antérieure du col dans la glande tyroïde, ou bien entre le conduit de la respiration, & la membrane extérieure de ce même conduit.

On reconnoît le goître à la place qu’il occupe, à sa grosseur, & à la couleur naturelle de la peau qui n’est point altérée dans l’endroit même de la tumeur. Cette maladie est très-commune dans les pays froids & marécageux. Les savoyards, les habitans des Pyrénées, ceux des montagnes des Cevènes & du Rouergue, y sont fort sujets : on l’observe aussi très-souvent en Espagne, dans la Bavière, dans la Suisse. Brouzet prétend que cette difformité est un agrément dans certains pays. Ce médecin ne veut pas qu’on confonde le goître avec le bronchocèle, ou la hernie de la trachée-artère, qui est formée par le déplacement d’une partie de la membrane intérieure de ce conduit ; cette membrane, en se dilatant, passe entre les anneaux cartilagineux de la trachée artère, & forme à la partie antérieure du col, une tumeur mollasse, sans douleur, de même couleur que la peau, & qui s’étend quand on retient son haleine.

La formation du goître tient à la dépravation des sucs lymphatiques. Ces sucs épais & pituiteux, & pour l’ordinaire mal élaborés, s’amassent peu à peu dans la glande tyroïde, ou, ce qui est plus vraisemblable, dans le tissu cellulaire qui recouvre les muscles du col, & qui se prête à recevoir ce flux d’humeurs qui constituent le goître. Les causes qui peuvent le produire, sont très-nombreuses ; on compte la mauvaise nourriture, les mauvaises digestions, dont le résultat est un mauvais chyle ; l’usage des eaux de neige fondue, l’abus des boissons acidulées, le relâchement physique des solides : il faut encore admettre une disposition particulière à contracter des humeurs froides.

On peut comprendre dans les causes éloignées, le séjour dans les pays très-froids & neigeux, qui avoisinent quelque grand fleuve ; la nature du sol, sa production, l’air qu’on y respire & son altération. Il se forme quelquefois des goîtres subitement à la suite d’efforts violens, occasionnés par une grande passion, ou par quelque accouchement laborieux.

Il y a différentes espèces de goîtres. Souvent il consiste dans le gonflement & l’engorgement des glandes du col. Quelquefois la tumeur est enkistée, & contient une matière plus ou moins épaisse, qui a la consistance du miel ou du suif. Dans