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le lieu du semis, de ne point froisser, endommager ou rompre ce germe ou radicule. Il est possible, absolument parlant, de ne pas prendre ce soin : on peut amonceler les glands dans la forêt ou près du terrain préparé pour le semis, & les y laisser jusqu’en mars ; mais il est à craindre que l’abondance des pluies ou d’humidité en fasse pourrir une grande partie, ou que les gelées en détruisent beaucoup.

Quant aux glands destinés à la nourriture des animaux de la basse cour, ils exigent les mêmes soins que les châtaignes qu’on veut conserver. (Voyez ce mot). Les métayers prévoyans conservent le gland d’une année à l’autre, lorsque la récolte est très-abondante ; & si la suivante vient à manquer, ils sont alors assurés d’un très-gros bénéfice, soit par la vente des glands surnuméraires, soit par celle des cochons & des volailles, dont le prix est augmenté sans qu’ils aient plus dépensé pour leur nourriture. Le moyen qu’ils emploient, consiste à dessécher les glands à la chaleur du four, d’abord lente, & ensuite assez forte pour les priver de leur eau de végétation. Le second moyen, moins sûr que le premier, est de les ramasser par un temps beau & sec, de les laisser exposés dans un lieu à couvert de la pluie & du soleil, mais à un très-grand courant d’air, où ils les remuent souvent ; enfin, ils les amoncèlent, les couvrent de paille : ils n’y touchent plus jusqu’à l’année suivante.


GLANDE, Botanique. Plus on étudie la nature dans le règne végétal, & plus on trouve à chaque pas de phénomènes intéressans à admirer. La physiologie des plantes nous offre sans cesse de nouvelles observations : c’est un riche fonds d’instruction, en même temps que d’intérêt. La feuille (voyez ce mot) est pour ainsi dire, un individu jouissant en particulier de tout ce qui est nécessaire à la vie : attachée à la plante, elle est nourrie par elle, en même temps qu’elle pompe dans l’atmosphère les sucs propres à former la sève descendante ; elle élabore ceux qu’elle lui fournit, & forme la sécrétion de ceux qu’elle en reçoit. Non-seulement, par le moyen des pores, elle rejette une certaine quantité de sève aqueuse, mais elle est encore chargée de la sécrétion de quelques sucs propres ; elle est garnie d’organes destinés à cet emploi, & ces organes sont les glandes.

Les glandes sont de petites vessies plus ou moins élevées communément sur la surface des feuilles, & quelquefois d’autres parties de la plante. Avant MM. Malpighi & Grew, on les connoissoit peu, & après eux M. Guettard est celui qui les a mieux examinées : nous allons donner un précis de sas observations.

Il distingue sept espèces de glandes ; les milliaires, les vésiculaires, les écailleuses, les globulaires, les lenticulaires, les glandes à godet & les utriculaires.

1°. Les glandes milliaires sont de petits points ramassés & serrés les uns contre les autres, que l’on remarque sur les feuilles de pins & de sapins, & sur les arbres & les plantes de cette classe ; elles forment des lignes longitudinales plus ou moins