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la phthisie pulmonaire, essentielle & récente, & la phthisie pulmonaire par inflammation de poitrine.

On croit purifier le mauvais air d’un appartement en brûlant des baies de genièvre ; la fumée & leur odeur masquent & enveloppent le mauvais air sans le corriger. Il vaudroit mieux le renouveler en introduisant un courant d’air frais, &, si on ne le peut, faire bouillir les baies dans du bon vinaigre. L’acide du vinaigre décomposera les miasmes putrides de l’air, les précipitera, & la partie aromatique & volatile des baies, aromatisera le nouvel air.

On tire des baies une huile essentielle, très-échauffante, &, pour la donner, on l’unit avec du sucre, ainsi que l’huile essentielle retirée du bois. On peut se dispenser de les employer de même que le sel de genièvre, qui diffère peu de l’alcali du tartre dont il a les propriétés.

Lorsqu’un animal est affoibli par une longue maladie, ou par un pâturage trop humide, on lui donne une infusion de baies de genièvre dans du vin, du cidre, du poiré ou de la bierre.

L’extrait de genièvre échauffe, constipe & irrite plus que l’infusion des baies. C’est un très-bon stomachique dont on doit user avec circonspection, suivant l’âge & le tempérament du malade. Il devroit être la vraie thériaque des maréchaux, &, pour lui donner plus d’activité, ils peuvent, en faisant l’extrait, y unir les racines fraîches de la grande gentiane, ou ses racines sèches & réduites en poudre.

On donne, pour l’homme, les baies de genièvre desséchées, pulvérisées & tamisées, depuis six grains jusqu’à une drachme, incorporées avec un sirop, ou délayées dans six onces d’eau… Les baies sèches & concassées, depuis demi-drachme jusqu’à une once en macération au bain-marie dans huit onces d’eau ou de vin, suivant l’indication… Pour le bœuf & le cheval, l’infusion dans le vin ou dans l’eau, est depuis deux onces jusqu’à quatre dans trois livres de fluide ; l’extrait depuis une once jusqu’à trois, & pour la brebis, depuis demi-once jusqu’à une once… On vend dans le commerce l’extrait de genièvre ; il est rare qu’il soit bien fait, parce qu’on le pousse à un trop grand feu. (Consultez le mot Extrait, pour apprendre à le bien faire).

Lorsque le vin nouveau fermente dans la barrique, on y ajoute une assez forte dose de genièvre ; si on l’aiguise encore avec de la petite centaurée, il est, dit-on, très-bon dans l’hydropisie.

Propriétés économiques. On retire des baies mises à fermenter, une boisson dont le peuple de certains cantons fait usage faute d’autre, & on l’appelle genevrette. La préparation varie suivant les pays. Voici une recette consignée dans le Journal économique du mois de mai 1768… Prenez trois boisseaux, mesure de Paris, de graine de genièvre la plus noire, autant d’orge de mars, & deux livres de fruits sauvages cuits au four ; remplissez à moitié votre tonneau d’eau de rivière, ou de fontaine, ou de puits, si cette dernière cuit bien les légumes ; mettez l’orge dans un chaudron assez plein d’eau pour qu’elle surnage ; posez-le sur un grand feu ; faites-lui jeter deux ou