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Eau blanche, Médecine vétérinaire. Boisson ordinaire des animaux malades. Sa préparation est décrite au mot Boisson.


EAUX AUX JAMBES, Médecine Vétérinaire. Cet article nous a été communiqué par M. Husard, Médecin vétérinaire. L’on appelle de ce nom une maladie externe, le plus souvent chronique, quelquefois inflammatoire & contagieuse, mais jamais aiguë ; elle s’annonce par un léger engorgement de la couronne, du paturon ou du boulet, une douleur plus ou moins vive qui excite l’animal à lever les jambes très-haut, même à se renverser de côté, lorsqu’on les lui touche ou que quelques corps étrangers, tels que la litière, les frappent brusquement ; un écoulement d’une humeur sanieuse, âcre, qui irrite peu à peu les parties sur lesquelles elle coule, & y fait naître les mêmes accidens. L’engorgement se propage ensuite le long de l’extrémité en remontant peu à peu jusqu’au milieu du canon, & quelquefois jusqu’au genou & au jarret ; l’écoulement devient plus abondant, l’humeur est plus épaisse, plus corrosive, sent très-mauvais, corrode les parties déclives, rend le tissu du sabot mol & spongieux, le désoude quelquefois à la couronne, détruit la fourchette, & y fait naître des sics ou crapauds ; les poils se hérissent, tombent & laissent voir la peau d’une couleur tantôt livide, tantôt blanchâtre, transparente, parsemée de vésicules renfermant l’humeur qui découle abondamment & goutte à goutte : plusieurs de ces vésicules s’ouvrent ensemble, forment des ulcères où l’on, voit naître des poireaux, des grappes, les plis du paturon s’excorient, il en résulte des crevasses quelquefois très-profondes, l’humeur devient épaisse, diversement colorée, purulente, d’une âcreté qui porte aux yeux ; la peau prête à l’affluence des liqueurs qui abondent, la jambe devient une masse très-volumineuse qui fatigue beaucoup l’animal dans sa marche & le fait boiter ; celle qui l’avoisine ne tarde pas à être affectée & quelquefois successivement toutes les quatre ; l’animal dépérit insensiblement, quoiqu’avec beaucoup d’apétit, & se trouve hors de service longtemps avant d’être usé. En général, cette maladie est hideuse, désagréable & très-dégoûtante, les extrémités postérieures en sont plus fréquemment attaquées que les antérieures.

Telle est la marche des symptômes lorsqu’on abandonne le mal à la nature. Si on la contrarie par des moyens violens, si on arrête l’écoulement par l’application subite des astringens, des répercussion, des corps gras qui bouchent les pores (méthodes qui ne sont que trop en usage, & dont les charlatans qui fourmillent dans la médecine vétérinaire comme dans la médecine humaine, savent tirer parti sans s’embarrasser des suites,) les accidens énoncés se succèdent très-rapidement, il se forme des mules traversines, des malandres, des solandres ; il survient des claudications plus ou moins fortes, des javarts tendineux très-mauvais qui entraînent quelquefois la perte de l’animal, des engorgemens aux jarrets, aux genoux, aux cuisses, de l’œdème sous le ventre, des tumeurs & des abcès aux aînés, au fourreau, aux mamelles, aux fesses, aux ars,