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avancés en âge, & même des vieilles femmes qu’il faut chercher un épiderme entier & continu. Cet épiderme éprouve le même sort que l’épiderme du tronc & des grosses branches ; il se fendille & s’altère exactement par le même principe. C’est sur l’épiderme des parties délicates & couvertes de la peau des enfans & des femmes, que l’on observera une continuité par laquelle on sera convaincu que l’épiderme n’est qu’une membrane & non des écailles posées en recouvrement comme les écailles des poissons. La douceur de leur peau l’annonce assez, & auroit dû au moins faire douter de l’existence de ces écailles naturelles ; mais Lewenhoeck l’avoit dit, & on la répété jusqu’à présent. J’ai enlevé très-souvent avec la pointe d’une épingle un peu crochue, des lambeaux d’épiderme de la longueur environ d’une ligne de la peau d’un enfant & d’une femme ; je l’ai exposé à la lentille du microscope, & sa surface ne m’a jamais offert la moindre écaille. Comme cet épiderme est transparent, & que quelquefois il reste à la surface intérieure quelques petits vaisseaux, il ne faut pas confondre les mailles & les divisions qu’ils forment avec les divisions des écailles ; cette erreur ne seroit pas pardonnable à un bon observateur microscopique.

L’usage de l’épiderme dans les végétaux se conçoit facilement en considérant sa nature. Son tissu serré empêche, comme l’observe très-bien M. Desaussure, que les corps infiniment petits qui voltigent dans l’atmosphère, n’entrent & ne pénètrent tous indifféremment dans l’intérieur de la plante ; car on verra au mot Nutrition que la plante se nourrit par tous ses pores. L’épiderme ne s’ouvre que vis-à-vis des vaisseaux absorbans & excrétoires. Par sa force & son élasticité, elle retient en place tous les vaisseaux & toutes les parties qui viennent se terminer à la surface de la plante. Nous verrons à l’article Feuille que l’épiderme est la principale cause du retournement des feuilles & de leur mouvement spontané. Enfin, le savant observateur que nous venons de nommer, soupçonne encore que dans l’épaisseur de l’épiderme se trouvent peut-être les organes de la transpiration insensible. Nous examinerons cette idée ingénieuse, au mot Transpiration insensible.

Nous ne nous arrêterons pas sur l’épiderme en particulier des feuilles & des fleurs, des racines, & des fruits ; à chacun de ces mots nous l’examinerons, & par conséquent nous y renvoyons ainsi qu’à Corolle & Écorce. M. M.


ÉPIER ou MONTER EN ÉPI. De cette opération dépend l’abondance de la paille, dans le sens que le mot épi comprend la tige & l’épi proprement dit. Sa hauteur dépend de l’état où la terre se trouve lorsque la tige s’élance de la racine. Si elle est trop sèche, & dans les terres fortes sur-tout, la terre serre, comprime le collet des racines, & empêche l’élancement des tiges ; si elle est trop humide, & que la saison soit froide, les tiges sont maigres, alongées ; mais si la terre est humide & la chaleur forte, la tige est forte, bien nourrie, l’épi se sentira de ce bien-être. Jamais cette végétation n’est plus active, que lorsqu’il règne à cette