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sinthe, de nitre fixé, de tartre, des cendres gravelées, &c. dans les décoctions d’origan, de marrube, de chardon bénit, d’absinthe, &c. en absorbant les acides contenus dans les premières voies, atténueront les liqueurs qu’ils auront coagulées, & rappèleront insensiblement les sécrétions dans l’individu où elles étoient souffrantes. Les délayans favoriseront d’autant plus leurs effets, qu’en étendant & en détrempant les sels, ils préviendront l’irritation qu’ils pourroient occasionner. On pourra choisir dans la classe de ces remèdes qui ont la vertu de délayer en adoucissant, l’eau blanchie par le son de froment, les décoctions de laitue, d’endive, de bourrache, de buglose, de mauve, de brancursine, de pariétaire, &c. mais si l’acrimonie qui règne dans les humeurs étoit portée à un tel degré que ces substances ne pussent la calmer, on auroit recours aux breuvages incrassans qu’on peut obtenir des décodions de graine, de lin, des racines de guimauve, des fleurs & feuilles de bouillon blanc ; on pourroit même faire avaler au malade le mucilage de corne de cerf, les huiles nouvellement tirées des semences de lin, des olives, des amandes, &c. &, pour s’assurer un succès plus prompt, on ne perdra pas de vue que les excrémens qui sont contenus dans les gros intestins, ou du cheval, ou du mulet, ou du bœuf, &c. sont surchargés d’acides, ainsi que les sérosités dont ils sont imbibés ; de sorte qu’après les avoir suffisamment absorbés, délayés & émoussés, il est essentiel de les chasser hors du corps de l’animal dartreux par le moyen des purgatifs ; car leur séjour, non-seulement retarderoit l’effet qu’on auroit lieu d’espérer de l’emploi des remèdes désignés, mais ils altéreroient de plus en plus les solides & les fluides. Le polypode de chêne, le sel de glauber, la rhubarbe, l’aloes, le jalap & l’aquila-alba, rempliront cette indication : mais, comme il est une méthode particulière à suivre, pour obtenir des purgatifs qu’on administre aux animaux l’effet que l’on désire, voyez Purgatifs. Si, enfin, ces remèdes, administrés pendant un certain temps, ne calment pas les démangeaisons, & n’arrêtent pas le progrès du mal, on aura recours à ceux qui sont prescrits par le traitement de la gale & du farcin. (Voy. ces mots)

Il arrive souvent, dans les contrées où la longueur de l’hiver retient le bétail dans les écuries pendant trois, quatre, & quelquefois cinq mois, que les jeunes veaux sont attaqués de dartres de différentes espèces. Un régime bien entendu, l’arrivée de la belle saison, la bonté des pâturages, l’exercice qu’ils y prennent, & la pureté du nouvel air qu’ils respirent, dissipent assez communément ces sortes d’éruptions, sans qu’on soit dans le cas de mettre en usage aucun remède ; mais elles exigent un traitement suivi, lorsqu’à l’entrée de l’hiver ces jeunes animaux en sont attaqués, après avoir avoir passé l’été, & quelquefois une partie de l’automne dans des parcours arides, où souvent on les a abandonnés à des chaleurs excessives, à des pluies froides, &c.

Quant aux soins extérieurs qu’on donnera aux dartres farineuses & crustacées, tant que le traitement interne durera, on les humectera