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VI. La terre, en général, est un composé du débris des pierres, des végétaux & des animaux : elle est fertile, si ces débris sont en proportions convenables ; infertile, si les uns ou les autres dominent en trop grande abondance.

VII. La terre, comme terre en général, ne contribue à la végétation, qu’autant qu’elle sert de matrice à la semence, & de lien aux racines. (Voyez les belles expériences de M. Tillet, décrites au mot Amendement.) L’eau seule, combinée & aidée par des agens, produit la végétation.

VIII. Les débris des animaux & des végétaux forment seuls la terre végétale ou humus. C’est la seule terre parfaitement soluble dans l’eau ; c’est la terre calcaire, (voyezce mot) la plus pure, la plus atténuée & la plus élaborée.

IX. Elle est disséminée plus ou moins abondamment dans la terre matrice, suivant la quantité de débris animaux ou végétaux, portés dans son sein par des causes quelconques, ou sur sa superficie

Section II.

Comment s’opère la Végétation.

On vient de voir quelles sont les substances qui continuent la végétation ; il s’agit actuellement d’examiner comment elles se combinent pour les produire. L’analyse chymique des plantes démontre jusqu’à l’évidence la plus palpable & la plus matérielle, que l’on en retire, 1°. de l’air ; 2°. de l’eau ; 3°. de l’huile ; 4°. des sels ; 5°. de la terre. Si ces substances existoient dans la plante analysée, elles existoient donc auparavant, en partie dans la terre, & en partie dans l’atmosphère, puisque c’est dans ces deux immenses réceptacles qu’elle a végété. Leur existence est hors de toute contestation.

I. La terre végétale, ou humus, quoique soluble dans l’eau, ne pénétreroit pas dans les infiniment petits calibres des racines, si elle ne formoit de nouvelles combinaisons avec d’autres substances ; & quand même elle y monteroit seule avec l’eau, cela ne suffiroit pas pour la végétation.

II. Les autres substances, à combiner avec la terre soluble, sont les différens sels contenus dans la terre & les substances graisseuses & huileuses, fournies par la décomposition des plantes, des insectes, & de toute espèce de matière animale.

III. Les premières contiennent surtout de l’air ; & les dernières, outre l’air fixe, de l’air inflammable.

IV. La lessive faite à la manière des salpêtriers, prouve qu’il existe un sel dans la terre ; que le sel qu’on en retire est neutre & à base calcaire, autrement dite alcaline ; mais un sel neutre est toujours le résultat de la combinaison d’un sel acide & d’un sel alcali : il y a donc dans la terre plusieurs espèces de sels, puisque la lixiviation fournit un sel neutre. Le sel acide est, en général, dû aux plantes, & le sel alcali aux animaux.

V. Les substances graisseuses & huileuses sont multipliées naturellement en proportion de la plus ou moins grande quantité de plantes qui végètent, & qui ne sont pas chaque année enlevées de dessus la terre. Telles sont les prairies, &c.

VI. Chaque plante nourrit au moins une espèce d’insecte qui lui est parti-