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partie concave, a-t-elle été piquée ? l’hémorragie ne tarde pas à paroître, la dessolure convient également. On fait ensuite une ouverture ; on prend de petits plumaceaux chargés de térébenthine de Venise ; on les applique sur l’artère, en faisant compression, pour arrêter le sang. Cet appareil doit être seulement renouvelé au bout de cinq jours, & le pansement fait ensuite, tous les jours, de la manière déjà prescrite.

Le clou a-t-il percé l’arc-boutant, & même le cartilage à sa partie inférieure ? le plus court moyen, alors, est de procéder à l’opération du javart encorné. (Voyez Javart)

Clou de rue incurable. Le clou de rue est réputé incurable, 1.o lorsque le tendon fléchisseur du pied a été piqué, & que la matière, par son séjour, a rongé le cartilage de l’os de la noix ; 2.o lorsque le maréchal a appliqué des onguens caustiques & corrosifs, qui, à peu près, opèrent le même effet que la matière sur l’os, 3.o lorsque le clou a touché l’os de la noix ou de la couronne : les os étant revêtus d’une partie cartilagineuse, qui se ronge petit à petit, sans exfoliation, la plaie ne se cicatrise jamais, & le mal devient incurable.

Le maréchal veut-il s’assurer de la lésion du cartilage, ou de la carie de l’os ? qu’il prenne une sonde, qu’il l’introduise dans la plaie. S’il sent que la surface de l’os est égale, unie & polie, c’est un signe non équivoque qu’il touche le cartilage, & qu’il n’y a pas carie de l’os ; mais s’il sent, au contraire, qu’elle soit inégale & raboteuse, c’est une preuve que l’os est carié, (Voyez Carie) & que, conséquemment, à cet état de l’os, il n’y a aucun espoir de guérison. M. Lafosse a cependant devers lui plusieurs exemples d’une guérison parfaite dans de vieux chevaux : il faut l’en croire d’après ses témoignages, & s’empresser toujours de lui rendre le tribut d’hommage qui appartient à un praticien aussi estimable.

Nous avons cru devoir indiquer ici les lignes qui caractérisent l’incurabilité du clou de rue dans les jeunes chevaux, dans la vue d’empêcher les cultivateurs de les mettre entre les mains des maréchaux, dont les remèdes & les opérations deviendroient pour eux un objet d’une dépense onéreuse & inutile. M. T.


COAGULATION. Action par laquelle une substance fluide prend de la consistance, & perd sa fluidité. C’est ainsi que la gomme se forme aux arbres. (Voyez Gomme)


COCHEMAR ou INCUBE. Le cochemar, l’incube ou l’asthme nocturne, est une maladie, ou plutôt une incommodité qui attaque pendant le sommeil.

Le malade s’imagine ressentir le poids d’un homme qui l’étouffe : il saute de peur, il veut crier, & ne pousse que des sons sourds & inarticulés. Quelquefois il lui semble qu’on le précipite du haut d’une maison en bas, qu’on le plonge dans une rivière, ou que quelqu’un le poursuit pour le tuer.

Cette incommodité arrive à ceux qui couchent sur le dos : ceux qui couchent sur l’un & sur l’autre côté, n’y sont pas sujets. Elle a lieu aussi chez ceux qui ont l’estomac rempli de crudités, chez ceux qui mangent beaucoup le soir, & qui se couchent avant que la digestion soit faite ; chez ceux qui font usage