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meux y sont plus sujets que les autres.

I. Du chancre des arbres non gommeux. L’écorce se gerce, se dessèche dans la partie affectée par le chancre, le mal va toujours en augmentant ; souvent un côté entier d’un arbre en est affecté ; enfin il périt si on n’apporte du secours. Le plus prompt, dès qu’on s’en apperçoit, est le mieux. Les poiriers de bon-chrétien, de bergamotte, &c. y sont fort sujets, sur-tout, lorsqu’ils sont plantés dans des terrains humides ; l’opération est indispensable, si on veut en prévenir les suites funestes. À cet effet, cernez avec la serpette ou avec tel autre instrument tranchant proportionné au volume de l’arbre, toute l’écorce endommagée ; mettez à nud la partie ligneuse affectée, & enlevez-la jusqu’au vif ; il vaut mieux emporter même une portion d’écorce & de bois sain que de craindre de faire une trop large plaie. Si le chancre n’est pas complétement détruit, c’est ne rien faire. Après l’opération, remplissez l’ouverture avec l’onguent de Saint-Fiacre. (Voyez ce mot)

L’époque la plus favorable pour l’opération, est au renouvellement de la sève du printems ; l’écorce disposée à s’étendre par l’affluence continuelle de la sève, couvrira la plaie peu-à-peu, & l’arbre se rétablira.

II. Du chancre des arbres gommeux. On sait que la gomme est une sève extravasée ; que lorsqu’elle s’extravase l’arbre souffre, & meurt si elle est trop abondante. La sève qu’on laisse séjourner sur une partie d’un arbre, y bouche les pores de la transpiration, cause des élévations à la peau : la matière perspirable s’y corrompt, ronge & carie les parties ligneuses qu’elle imbibe : voilà pour l’intérieur. À l’extérieur, le suc prend une forme solide & concrète en desséchant, & forme la gomme ; enfin ces deux causes réunies concourent à établir un véritable chancre. Si les chancres sont placés sur de petites branches, détruisez dans le tems ces branches par la taille. Si les petites taches noires, livides & chancreuses ne sont pas considérables, saisissez le premier jour de pluie ; lorsque la gomme sera bien détrempée, enlevez-la avec la pointe d’un instrument tranchant, & avec ce même instrument, détruisez l’écorce & le bois chancreux ; la branche reprendra bientôt sa première vigueur : opérez de la même manière sur des chancres placés sur les grosses branches, & remplissez la cavité des plaies, ainsi qu’il a été dit, avec l’onguent de Saint-Fiacre.

On doit à M. Roger-Schabol l’observation suivante. Les chancres naissent aussi des queues des pêches qui demeurent sur les arbres plus d’une année après qu’elles sont cueillies ; ces queues se sèchent, meurent & durcissent.


CHANTEAU. Terme de tonnelier, pour désigner la pièce du fond d’un tonneau, qui est seule de son espèce, & qui est terminée par deux segmens de cercle égaux.


CHANTE-PLEURE. Grand entonnoir qui sert à remplir les tonneaux, & dont l’orifice supérieur de la douille est recouvert d’une plaque de fer-blanc percée de plusieurs trous par lesquels le vin s’échappe dans le tonneau. Cette espèce de grille sert à retenir tous les corps étrangers.