Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

si pernicieux que les faux dégels, les gelées matinales du printems, lorsque les bourgeons commencent ou sont déjà développés. Dans une saison plus avancée, lorsque les blés sont en fleur, ou qu’ils ne font qu’épier, la gelée fait périr dans la balle toute l’espérance du cultivateur, en brûlant la fleur ou le tendre germe. Les gelées d’automne font quelquefois avorter les jeunes tiges de blé, en coupant leurs racines ; mais heureusement que ce mal se répare de lui-même ; la plante, au printems, repousse ordinairement de nouvelles racines. (Voyez Froid)

L’air, comme nous l’avons déjà remarqué, a la propriété de dissoudre & de retenir les vapeurs aqueuses ; lorsqu’il en tient une trop grande quantité, & que les vents & la chaleur ne les dissipent pas, alors la constitution de l’atmosphère devient humide, & il n’en est point en général de plus funeste pour les deux règnes. Il est peu de maladies chroniques qui ne s’irritent dans cette disposition ; des rhumatismes aigus & longs enchaînent tous les membres ; des fièvres catarreuses se développent ; le scorbut, sur-tout sur les bords & dans les contrées voisines de la mer, fait de grands ravages, lorsque le froid & l’humidité règnent ensemble. De toutes les propriétés atmosphériques, l’humidité est sans contredit celle dont l’influence est la plus utile aux végétaux ; mais aussi aucune ne leur devient plus nuisible dans certaines circonstances : par exemple, lorsqu’un soleil vif & ardent trouve les plantes chargées d’humidité, chaque goutte ronde d’eau devient autant de verre brûlant, de lentille, dont le foyer concentre les rayons lumineux, augmente leur vivacité, & produit une petite brûlure sur la plante. Si la gelée survient tout d’un coup, & qu’elle trouve les tiges encore couvertes d’eau, que la rosée, les brouillards ou la pluie y auront déposée, on verra le même effet à peu près, quoique produit par une cause différente. Mais si ni le vent, ni le soleil, ne dissipent cette humidité, les plantes ont encore un autre danger à courir ; celui de la moisissure & de la pourriture. (Voyez Humidité)

Quelques auteurs ont attribué à l’humidité, suivie de très-grandes chaleurs, la rouille & la nielle des blés, & le charbon à l’humidité, accompagnée du froid. (Voyez Charbon, Nielle, Rouille.)

On ne peut douter, d’après ce tableau, des effets en bien & en mal des différentes constitutions de l’atmosphère. Son influence est donc un principe que tout cultivateur doit avoir sans cesse devant les yeux, pour savoir en tirer des conséquences utiles dans la pratique. Qu’il se souvienne que,

1o. Si la terre fournit les parties fixes de la nourriture des plantes, la partie humide & aérienne vient en entier de l’atmosphère, & c’est la partie la plus considérable.

2o. Que les fumiers & les engrais ne remplissent qu’une partie du but qu’il se propose en travaillant sa terre ; que les labours qu’il donne, & les travaux multipliés, ne font que tourner, diviser, triturer la terre, & la mettre à même de recevoir mieux l’eau des pluies,