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forte que la plante herbacée. Tout est sagement prévu & ordonné par l’auteur de la nature, par celui qui a établi les loix des pesanteurs. La plante dont les organes sont foibles & délicats, & les fibres sans consistance, dans laquelle rien n’annonce la force & la solidité, n’éprouve cependant aucune altération de la part du poids de l’atmosphère. Quelle en peut être la raison ? La voici. Les plantes herbacées, en général, contiennent beaucoup plus de vide que les arbrisseaux & les arbres. Non-seulement leur intérieur renferme un canal vide, ou tout au plus garni d’une moelle extrêmement rare & légère, mais encore les vaisseaux aériens, les trachées y sont plus sensibles que dans les plantes ligneuses. La rigidité des fibres, la solidité de la masse totale d’un arbre dans toute sa force, forment une compensation à la diminution des interstices dont il étoit rempli dans sa jeunesse, & qui s’obstruent à mesure qu’il avance en âge. (Voyez Arbre)

Les différens degrés de hauteur de l’atmosphère, depuis le niveau de la mer, jusqu’au sommet des plus hautes montagnes, ont été distingués en différentes régions, & ces différentes régions ont presque toujours une température différente. Les régions les plus basses, celles qui reposent sur le globe, sont aussi celles où l’on éprouve le plus grand degré de chaleur. La réflexion de la lumière du soleil, renvoyée par la surface de la terre, la chaleur naturelle des animaux & des végétaux, celle qui est inhérente à la terre, la chaleur artificielle, c’est-à-dire, celle que les hommes produisent à chaque instant en employant le feu ; toutes ces causes concourent à entretenir un certain degré de chaleur, principe de vie, dans la partie de l’atmosphère qui nous environne. Mais si on s’élève au-dessus d’elle, on éprouve à une certaine hauteur un froid qui devient de plus en plus vif & piquant, à mesure que l’on monte dans les régions supérieures. Enfin il augmente au point de glacer les particules d’eau qui forment les nuages ; ils se résolvent alors en neige. C’est pour cette raison que les physiciens ont nommé cette région, région de la neige. Elle décrit une courbe autour de la terre, mais il ne faut pas croire que cette courbe soit disposée parallélement à la courbure du globe ; les limites de cette région sont d’autant plus près, qu’elles sont plus éloignées de la zone torride, & qu’elles s’approchent davantage des pôles. Les voyageurs observateurs ont remarqué que la région de la neige étoit située à peu près à 2 434 toises au-dessus du niveau de la mer sous la zone torride ; elle ne paroît élevée que de 2 100 toises à l’entrée des zones tempérées ; elle ne l’est que de 15 à 1 600 à l’endroit qui répond au-dessus du sommet du pic de Téneriffe. Située à peu près à la même hauteur en France & en Europe, elle va toujours en se rapprochant de la surface du globe, en avançant vers les pôles. (Voyez Froid & Neige.)

Tout ce que nous avons dit jusqu’à présent sur l’atmosphère, ne sert, pour ainsi dire, que d’introduction à la connoissance de ses qualités générales, d’où dépend son