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ne la dérange ; mais la moindre altération de ce fluide trouble l’équilibre de son économie ; l’air qu’il respire peut devenir un poison ; & tandis que dans les champs il va demander à la terre la récompense de ses travaux, sa nourriture & celle de sa famille, il peut en rentrant chez lui, rapporter le germe de maladies longues & aiguës. Qu’il importe donc à tous les hommes de connoître l’atmosphère !

Dès l’instant que le cahos a été débrouillé ; que l’ordre & l’harmonie ont régné sur le globe, l’atmosphère a existé ; c’est-à-dire qu’il s’est formé autour de la terre un amas d’air, de vapeurs & d’exhalaisons, qui toujours en action, en mouvement & en fermentation, est devenu un des principes absolument nécessaire & dépendant de la terre. Sans doute tous les astres ont de pareilles enveloppes ; mais laissons aux astronomes à discuter leur existence & leurs effets, & ne nous occupons que de celle qu’il nous intéresse si fort de bien connoître.

L’air proprement dit, paraît en faire une des parties principales ; c’est lui qui est le véhicule des autres, leur lien, & la base qui leur sert de point d’appui. L’eau réduite en vapeurs y est dissoute par l’air, & les molécules qui s’exhalent de tous les êtres animés & inanimés, y flottent librement, unies aux globules de l’air & de l’eau.

L’existence de l’eau dans l’atmosphère, est une vérité incontestable démontrée par l’expérience journalière. Plusieurs savans même, comme MM. Boerhaave, Halley, le Roi, &c, ont calculé la quantité qui y est répandue, & ils la regardent comme faisant la plus grande partie du poids d’une masse d’air donnée. Les bruines, les brouillards, les pluies, les nuages, ne sont que ces vapeurs, cette humidité assez condensée pour être sensible. Elle retombe sur la terre pour l’entretenir dans cet état de mollesse & de douceur, si nécessaire à la végétation. Une partie de cette eau salutaire passe dans les plantes, d’où elle ressort par la transpiration insensible. L’air la repompe de nouveau pour l’élever dans l’atmosphère, où elle reste suspendue jusqu’à ce qu’une nouvelle condensation la précipite vers la terre. (Voyez Pluie, Rosée.) Une autre partie qui servoit à humecter la terre, est reportée en haut, & par la chaleur même de la terre, & par l’action du soleil. L’évaporation continuelle des grands amas d’eau, comme des fleuves, des étangs, des lacs, des mers, élève à chaque instant une prodigieuse quantité de vapeurs qui se distribuent dans toute la masse d’air qui enveloppe notre globe. Si dans un seul jour d’été, par le seul effet de la chaleur, il s’exhale, suivant le célèbre Halley, de la surface de la mer méditerranée environ 51,800,000,000 de tonnes d’eau, combien ne doit-il pas s’en évaporer de la surface immense de l’océan ? Non-seulement la chaleur solaire est une des causes prochaines de cette élévation, mais l’action des vents & celle de la température de la terre, l’augmentent à chaque instant.

D’après ce que nous venons de dire, on pourroit croire que l’atmosphère n’est jamais autant chargée