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À l’article Almanach, nous avons déjà recommandé aux curés & aux gens instruits qui habitent les campagnes, de tâcher, par la voie de la persuasion, de détruire insensiblement dans l’esprit des paysans, l’erreur de l’influence des astres. Nous renouvelons ici nos instances. Instruire de paroles & d’exemples, tel est leur devoir. Nous ne répéterons donc pas ici ce que nous avons dit au mot Almanach ; nous y renvoyons, de même qu’à ceux de Lune & d’Influence. M. M.


ASTRINGENT. On nomme astringens, les médicamens qui ont la vertu de resserrer les parties, & d’arrêter les pertes de sang, les dévoiemens considérables, & le cours trop abondant des humeurs. Il faut la plus grande précaution dans l’usage des astringens ; on a vu plus d’une fois naître à la suite de leur usage, des maladies plus graves que celles qu’on vouloit détruire. Dans les maladies de poitrine, & de matrice sur-tout, dans les grands dévoiemens, il ne faut les employer qu’après l’usage des purgatifs. (Voyez chacune de ces maladies, & l’article Médicamens.) M. B.


ATMOSPHÈRE. Toute substance fluide qui environne un corps de toutes parts, qui en dépend, qui lui doit sa formation & son existence, porte en général, dans la physique, le nom d’atmosphère. Ainsi les exhalaisons odoriférantes qui émanent d’une fleur, forment une atmosphère autour d’elle ; un corps embrasé est enveloppé d’une atmosphère de lumière & de chaleur ; la terre flotte dans le centre d’une atmosphère composée d’air, d’eau, de vapeurs, d’exhalaisons, de molécules, d’émanations, &c. Mille causes concourent à l’entretenir dans son état de fluidité & de mouvement perpétuel. Quelle est celle qui lui a donné la naissance ? Quel est le principe qui a formé autour de notre globe ce vêtement, (si je puis me servir de cette expression) qui le revêt de tous côtés ? A-t-il existé un instant où la terre, seule & isolée, a circulé au milieu de l’espace ? a-t-elle existé sans atmosphère ? Qu’est-ce que cette atmosphère ? quel est son usage ? quelles sont ses influences ? Il est peu de questions aussi intéressantes dans l’étude de la nature ; il en est peu d’aussi satisfaisantes, parce qu’il en est peu où la vérité se rencontre aussi souvent, & d’où l’on tire des conséquences aussi avantageuses dans la pratique. L’homme le plus indifférent trouve du plaisir à connoître, ou du moins à entendre parler de l’élément au milieu duquel il respire ; le physicien s’applaudit en calculant sa hauteur, sa densité, ses variations ; l’astronome est forcé d’étudier ses effets dans les routes que la lumière s’y fraye. Tout le monde voudroit deviner ses vicissitudes & les causes qui les produisent, & le laboureur lui doit tout : c’est de l’atmosphère que dépendent sa fortune ou ses malheurs ; il en éprouve les salutaires influences, ou il en redoute les cruels effets. Le succès de sa récolte n’est pas le seul objet qui l’intéresse : sa santé dépend le plus souvent de la constitution de l’atmosphère : sage par état & par nécessité, aucun excès