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épreintes, la soif & l’ardeur dans les premières voies.

Usage. On prescrit les fleurs sèches, depuis une drachme jusqu’à une demi-once, en macération au bain-marie, dans six onces d’eau, & les semences pulvérisées depuis une jusqu’à deux drachmes, triturées & délayées dans cinq onces d’eau ; concassées depuis une drachme jusqu’à demi-once, infusées dans la même quantité d’eau.

Culture. Cette plante mérite d’être prise en considération, & pour peu qu’on s’attachât à sa culture, la France ne seroit plus dans le cas de revenir à l’étranger. Elle aime un terrain sec & meuble ; on la sème suivant le pays qu’on habite, dès qu’on ne craint plus l’effet des gelées ; si le semis n’est pas retardé, on aura le tems de récolter des graines noires, tandis que dans nos provinces septentrionales, on est forcé chaque année de tirer de nouvelles graines des provinces du midi. Semez à la volée, mais semez de manière que chaque pied soit éloigné de son voisin de dix à douze pouces. Il seroit un peu plus long, il est vrai, de semer par sillons, & de herser ensuite, mais le semis en vaudroit beaucoup mieux. Sarcler souvent, serfouir quelquefois le terrain, éclaircir les plants trop épais ; voilà les seuls soins essentiels.

Dès que les fleurs commencent à paroître & s’ouvrent, c’est là le moment de les cueillir ; le trop grand épanouissement nuit à la beauté de la couleur. On les porte aussi-tôt dans un lieu à l’abri du soleil, & où il règne un courant d’air pour les faire dessécher ; enfin on les tient ensuite dans un lieu sec, renfermées ou dans des sacs, ou dans des caisses. On doit rejeter dans le commerce, celui dont la couleur est terne & peu nette. C’est une preuve que la fleur a été mal desséchée, & que sa partie colorante, point essentiel, est attaquée.

Les marchands de mauvaise foi, mêlent les fleurs du safranum avec celles du véritable safran, parce que le prix des premières est de beaucoup inférieur à celui des secondes. On reconnoîtra la fraude en considérant ces fleurs séparément, & l’on verra alors que la partie fibreuse du safranum est étroite, dure, sèche, & sa couleur beaucoup plus pâle que celle du safran. (Voyez ce mot)

Son grand usage est pour les teintures ; il faut cependant convenir que toutes les étoffes teintes avec le safranum, ne sont jamais d’un bon teint. On prépare avec ses étamines une couleur qu’on nomme vermillon d’Espagne ou lacque de carthame.

Cette plante figure bien dans les grands jardins.


CARTILAGINEUSE, Botanique. Se dit d’une feuille, lorsque ses bords sont garnis, pour ainsi dire, d’une espèce de cartilage, ou d’une substance plus ferme & plus sèche que celle de la feuille, comme dans la saxifrage, le cotyledon. (V. Feuille) M. M.


CARVI, ou Cumin des Prés. (Voyez pl. 22, pag. 571). M. Tournefort le place dans la première section de la septième classée, qui comprend les herbes à fleur en rose, en ombelle, dont le calice devient un fruit composé de deux petites semences cannelées, & il l’appelle carvi cœsalpini. M. von Linné le nomme carum carvi, & le classe dans la pentandrie digynie.