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jour ; c’est pourquoi il est plus sûr & plus avantageux de semer dans de petits pots que l’on place autour des couches & en dehors des châssis, ou au pied d’un mur ou bâtiment au midi, ou en un autre lieu à couvert des ennemis de ces jeunes plantes, & on ne les met en pleine terre que lorsqu’elles ont leur quatrième feuille ; alors elles n’ont à craindre que le ver du hanneton. Telle est la méthode suivie par ceux qui ont un intérêt quelconque à avoir des primeurs, & qui peuvent se les procurer par l’abondance des fumiers de littière & des terreaux qui en résultent.

II. Méthode ordinaire & suffisante. 1o. Du tems & de la façon de semer. Chacun doit se régler suivant le climat & la manière d’être des saisons du pays qu’il habite ; ainsi on peut semer dès qu’on ne craint plus l’effet des gelées ; par exemple, dans certains cantons de la Provence, du Languedoc, &c. il est possible de semer vers la fin de Février. On gagne du tems, il est vrai, mais on court le risque de voir beaucoup de pieds monter en graine dans les mois de Juillet & d’Août ; ce qu’on ne craint pas dans les pays plus septentrionaux. Les pieds qui ne grainent pas dans cette saison, sont plus beaux, plus vigoureux que ceux qui ont été semés plus tard.

En général, le bon tems de semer dans les pays méridionaux, est vers le milieu ou la fin de Mars, & vers la fin d’Avril dans les pays situés au nord. On peut semer à demeure ou en pépinière ; le second moyen est plus commode, parce qu’on soigne plus aisément une table de semis, que des trous dispersés çà & là. Si on sème à demeure, on travaillera à la bêche, (voyez ce mot) tout le terrain destiné aux cardons ; ensuite, de distance en distance, ainsi qu’il a été dit dans le premier article, on ouvrira un trou d’un pied en carré, sur autant de profondeur, que l’on remplira de la meilleure terre qu’il sera possible de se procurer ; elle sera légère & substantielle. C’est dans cette terre que trois ou quatre grains seront déposés à la distance de trois à quatre pouces les uns des autres. Cette méthode a l’avantage de supprimer la transplantation qui fait périr beaucoup de pieds. Lorsque la graine aura germé ; lorsque les jeunes plants auront quatre feuilles bien formées, on arrachera les plants surnuméraires, & on n’en laissera qu’un seul. Ces plants, levés avec soin, serviront à remplacer ceux qui seront languissans dans les autres trous, ou à garnir les places dont les semences n’auront pas germé.

Si on sème en pépinière, la terre de la table ou planche sera défoncée au moins à la profondeur de huit pouces, après avoir été couverte de fumier bien consommé & enterré avec la bêche en travaillant la terre. La graine sera semée à la volée, mais très-claire. C’est un défaut trop ordinaire des jardiniers, de semer trop épais. Lorsque la graine germe, les tiges, les feuilles se touchent toutes ; & pour ainsi dire, dès le berceau la plante s’étiole, (voyez ce mot) de manière que les pieds n’acquièrent jamais la force qu’ils devroient avoir. Arroser, détruire les mauvaises herbes,