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Le remède le plus sûr est de tenir l’animal à la diète, de lui donner souvent de l’eau blanche nitrée, d’appliquer sur la tumeur des cataplasmes maturatifs faits d’oignons de lys, de fiente de pigeon, de gomme ammoniac & d’euphorbe, mêlés avec le savon noir, ou bien un onguent fait avec les mouches cantharides & l’onguent de laurier ; de faire des scarifications à la tumeur, avant d’appliquer tous ces remèdes. Aussitôt que l’abcès aura acquis une certaine étendue, il faut l’ouvrir avec un bistouri. L’extirpation des glandes inguinales où siège le bubon, offre des difficultés presque insurmontables, à cause de la grandeur & du nombre des vaisseaux qui s’y ramifient ; mais si la tumeur affecte d’autres parties du corps, où les vaisseaux & les nerfs n’abondent pas, on l’extirpe pour l’ordinaire avec succès, pourvu qu’on pratique l’opération telle que nous la décrirons au mot charbon. (Voyez Charbon) La tumeur emportée, il faut panser la plaie avec le digestif animé avec l’eau-de-vie camphrée, ou l’essence de térébenthine. On peut même administrer à l’animal un breuvage de vin & de thériaque, lorsque les forces vitales sont abattues, & qu’il s’agit d’aider la nature à chasser la matière du bubon du centre à la circonférence, & terminer la cure par un purgatif de trois onces de séné, & de quatre onces de miel, sur lesquels on verse une livre d’eau bouillante. M. T.


BUBONOCELE. (Voyez Hernie)


BUFFLE. C’est une espèce de bœuf dont on se sert en quelques endroits de l’Italie, particuliérement dans le royaume de Naples & dans les États du pape, pour les mêmes usages que des bœufs en France. Il est plus grand & plus fort que le bœuf commun, moins facile à conduire, & assez souvent dangereux. Sa peau est plus douce, plus épaisse que celle du second, son poil est ordinairement noirâtre, & il a sur le front une touffe de poils frisés & crépus. Si on considère le volume de son corps, on trouvera sa tête trop petite & peu proportionnée ; ses cornes sont grosses, noires, légérement aplaties, recourbées en-haut, & un peu inclinées vers le dos.

Le buffle est originaire de l’Inde, d’Afrique, &c. d’où il fut amené en Italie vers la fin du seizième siècle. Cet animal diffère du bœuf par le caractère & par son éloignement à s’accoupler avec la vache. Le buffle, dit M. de Buffon, est d’un naturel plus dur & moins traitable que le bœuf ; il obéit plus difficilement ; il est plus violent ; il a des fantaisies plus brusques & plus fréquentes. Toutes ses habitudes sont grossières & brutes ; la figure grosse & repoussante ; son regard stupidement farouche ; il avance ignoblement son cou, & porte mal sa tête, presque toujours penchée vers la terre ; sa voix est un mugissement épouvantable, d’un ton beaucoup plus fort & beaucoup plus grave que celui du taureau. Il a les membres maigres, la queue nue, la mine obscure, la physionomie noire, comme le poil & la peau.

Les buffles sont cependant très-