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lade, du bon & du mauvais état de son sang, & de l’étendue de la brûlure : toutes ces circonstances méritent la plus grande attention.

Nous ne saurions défendre avec trop de force l’usage pernicieux & presqu’universellement répandu, des onguens & des emplâtres ; c’est dans une brûlure de l’importance de celle dont nous parlons maintenant, que ces moyens sont dangereux.

Il faut premièrement ouvrir les cloches, & faire sortir toute l’eau qu’elles renferment, bassiner ensuite avec de l’eau tiède ; ce moyen a suffi seul plus d’une fois pour arrêter les progrès d’une brûlure très-profonde & très-étendue. La brûlure doit être considérée comme une vive inflammation ; & tous les moyens rafraîchissans & humectans, à la tête desquels nous plaçons l’eau tiède, doivent être mis en usage. Il faut que le malade fasse une diète sévère, & qu’il ne se nourrisse que de bouillons légers : si la brûlure occupe beaucoup d’espace, & s’est étendue sur plusieurs parties, il faut plonger le corps entier du malade dans l’eau tiède : quand l’inflammation est passée, il faut user de bains froids, pour redonner aux parties le ton qu’elles ont perdu. Nous le répétons encore, ces moyens simples & peu dispendieux, ont souvent arrêté les progrès des brûlures les plus dangereuses, comme nous avons été assez heureux pour l’éprouver plus d’une fois.

Mais, comme malheureusement les bons moyens ne sont pas ceux que l’on emploie le plus communément, parce qu’on ne veut pas ajouter foi à la vertu de leur simplicité, on a coutume alors d’employer les onguens ; l’inflammation augmente, la maladie devient très-grave, & se termine par la gangrène.

Dans des cas semblables, si l’inflammation est très-forte, il faut commencer par ôter de dessus la brûlure, l’onguent qu’on y a appliqué, saigner le malade une ou deux fois, suivant l’exigence des cas, appliquer sur la brûlure des cataplasmes faits avec la mie de pain, l’huile & la décoction de graine de lin, & la farine même de graine de lin, arroser souvent l’appareil avec l’eau tiède, & défendre toute nourriture échauffante au malade ; il faut lui faire boire abondamment des infusions de plantes aqueuses, telles que la laitue, la poirée, &c. & lui faire prendre des lavemens avec la décoction des mêmes plantes. On se sert encore avec beaucoup de succès du mélange d’huile d’olives & d’un blanc d’œuf.

Si le mal a fait des progrès plus rapides, & si la brûlure commence à être attaquée par la gangrène, il faut faire le traitement de la gangrène, (Voyez ce mot).

Quand la suppuration est abondante, il est très-utile de soutenir les forces du malade qui ne manqueroit pas de succomber à une déperdition de substance aussi considérable. On lui donne des bouillons chargés de crême de riz, de féves & de lentilles : on lui fait prendre du quinquina à la dose d’un gros, trois ou quatre fois par jour. On lui donne quelques cuillerées de bon vin, mais avec