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commun ; on a soin de bien remuer ce mélange pendant l’ébullition. Quand la liqueur n’est plus que tiède, on la verse peu à peu avec son sédiment, sur un boisseau & demi de bonne terre passé au panier ou à la claie, & on la pétrit jusqu’à ce qu’elle ait assez de consistance pour en pouvoir faire des boulettes grosses comme une noix, plus ou moins, selon la quantité de pattes qu’on a à planter. On introduit une de ces boulettes entre les différentes ramifications de chaque patte, & on la place au point d’où partent ces ramifications, c’est-à-dire, précisément au-dessous de l’œil. Il faut bien prendre garde, dans cette opération, d’offenser les racines, qui sont très-cassantes, & on doit les séparer l’une de l’autre autant qu’il est possible : l’effet de ces boulettes est non-seulement d’alimenter immédiatement la jeune plante, & d’économiser une fumure complète qu’il faudroit donner à l’aspergerie au bout de trois ans, mais encore d’empêcher les racines de se mêler, de s’embarrasser l’une avec l’autre, de les obliger à pivoter & à se diriger vers l’engrais déposé au fond de la fosse… »

Ces boulettes me paroissent bien minutieuses, & il n’est guère possible de concevoir comment elles peuvent dispenser d’une fumure complète après la troisième année. À cette époque, & même long-tems auparavant, la plante doit avoir absorbé tous les sucs qu’elles contiennent.

» Si le plant est levé depuis quelques jours, & si le délai qui s’est passé depuis le moment où on l’a tiré de la pépinière, jusqu’à celui où on le plante, a fait un peu flétrir les grosses racines, on en coupe la dernière extrémité, mais avec la plus grande sobriété, & seulement pour les rafraîchir. Cette amputation n’est pas nécessaire, & elle est même préjudiciable quand le plant est fraîchement levé. » M. Fillassier auroit dû ajouter, toujours préjudiciable, (voyez le mot Racine) à moins que ce ne soit pour séparer quelques racines rompues ou brisées.

» On plante chaque patte avec sa boulette, à la profondeur de deux ou trois pouces, ayant soin de bien étaler les racines dans le creux qu’on aura formé à cet effet à la place qu’elle doit occuper ; & afin de diriger plus surement ces racines vers le fond de la fosse, on insinuera l’extrémité des grosses ramifications dans de petits trous perpendiculaires qu’on fera avec le doigt. »

» La patte étant fixée en place, on la couvre de terre, de façon qu’il y en ait trois pouces au-dessus de l’œil. »

Telle est la méthode de deux auteurs qui ont récemment écrit sur la culture de l’asperge de Gravelines & de Hollande, que je crois être la même sous deux noms différens, ou au plus, une variété l’une de l’autre. Quant à la durée des pattes dans leur vigueur, ne proviendroit-elle pas de la manière dont elles ont été cultivées, du terrain & de son exposition, &c. ou peut-être enfin de l’enthousiasme de chaque auteur pour sa plante favorite ?

Ceux qui ne voudront pas se livrer à une culture aussi dispendieuse que les deux dont on vient