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une forte lessive faite avec des cendres, aiguisée par la chaux, est un moyen expéditif. On peut encore se servir de la cendre gravelée, ou clavelée, (voyez ce mot) ou de l’alcali fixe du tartre. Ces deux dernières substances ont la même action sur l’huile.

Il est de la dernière importance qu’une bouteille soit bien rincée, sans quoi le vin contracte un mauvais goût. On emploie communément à cet usage le plomb réduit en grenaille, ou une chaîne de fer, dont les bouts de chaque chaînon sont armés de pointes, comme ce qu’on appelle communément molettes d’éperon. Par l’agitation & les secousses réitérées dans tous les sens, ces corps durs détachent du verre les parties étrangères interposées sur sa surface intérieure.

Quelques auteurs ont fait beaucoup de bruit, sur-tout dans les papiers publics, sur la préférence que l’on doit donner à la chaîne de fer, parce que, ont-ils dit, il arrive souvent qu’un ou plusieurs grains de plomb restent dans la bouteille, & qu’alors l’acide du vin attaque la substance du plomb, la dissout peu à peu, enfin, la réduit en chaux de plomb, ou sel de saturne, & tout le monde sait combien cette chaux est dangereuse, mêlée & dissoute dans le vin. Si ce raisonnement étoit vrai & fondé sur la réalité, on auroit raison de proscrire l’usage du plomb. Je n’en suis pas plus partisan qu’un autre, mais je n’aime pas qu’on jette mal à propos de l’inquiétude dans les esprits en les alarmant. L’expérience m’a prouvé que dans des bouteilles remplies depuis près de neuf ans, & dans lesquelles il étoit resté deux grains de plomb, ces deux grains n’y avoient souffert aucune altération. Il faut le contact immédiat de l’air pour que l’acide du vin agisse sur le plomb. Je puis attester que le vin de cette bouteille n’avoit pas le plus léger goût douceâtre, goût qui se manifeste lorsque le vin est uni à une infiniment petite dose de sel de saturne. Malgré ce que je viens de dire, il est plus prudent de se servir d’une chaîne.

On est souvent étonné de trouver à un vin un goût différent de celui qu’on attendoit, de voir un sédiment étranger au fond de la bouteille. Cela provient souvent de la nature des substances qui sont entrées dans la composition du verre en surabondance, & quelquefois de l’union de certaines substances qui lui sont étrangères. Voici un moyen de le reconnoître. Prenez un verre d’eau, jetez-y un peu d’acide nitreux, ou d’acide vitriolique, & videz le tout dans la bouteille. Placez-la au bain marie, & faites bouillir. Si la vitrification est bien faite, l’eau de la bouteille ne perdra pas de sa transparence, & se dissipera sans laisser de sédiment. S’il reste encore d’alcali ou de la terre non vitrifiée dans la bouteille, l’acide les dissoudra, & formera une certaine quantité d’un sel plus ou moins blanc, & un sel neutre, (Voyez le mot Sel) qui prouvera la mauvaise qualité de la bouteille.


BOUTON. Ce mot exige d’être considéré sous deux principales acceptions. La première est relative à l’arbre & aux plantes ; la seconde, aux maladies cutanées, & à un