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l’ignition fait enlever. Il se forme alors à l’extérieur du vase une poudre d’un gris noir qui le recouvre & le tapisse. J’ai la preuve par une expérience répétée maintes fois, que si cette poudre qui se détache en mettant la bouteille dans l’eau, entre dans son intérieur, & si les lavages ne l’en font pas sortir, le vin, dont on remplira ensuite cette bouteille, contractera un mauvais goût. Ce défaut n’a pas lieu, ainsi que je l’ai dit pour le verre fondu au feu de bois.

Il résulte de cet inconvénient, que le premier soin à avoir avant de rincer l’intérieur de la bouteille, est de boucher son ouverture avec le doigt index de la main gauche, avec une éponge de frotter toutes les parties extérieures de la bouteille, en la mettant tremper dans un baquet plein d’eau.

La manière ordinaire de rincer les bouteilles, est d’avoir plusieurs vaisseaux pleins d’eau, dans lesquels on les passe successivement après les avoir rincées avec du plomb ou avec une petite chaîne de fer. Cette opération est bonne pour un certain nombre de bouteilles ; mais peu à peu cette eau se charge des ordures qu’elles contenoient. Si l’on continue, l’opération devient insuffisante & manque le but, à moins qu’on ne renouvelle souvent l’eau de ces baquets. J’ai vu pratiquer en Champagne une méthode bien plus simple & plus expéditive, sur-tout lorsqu’on a un grand nombre de bouteilles à rincer.

Placez sur un trépied, d’un pied & demi ou deux de hauteur, une barrique défoncée par un côté, ou un grand cuvier, suivant le besoin. Adaptez une ou plusieurs canelles au bas de ce cuvier, & assez éloignées les unes des autres, pour qu’un homme puisse commodément manœuvrer ; les canelles doivent être garnies de leur piston. L’homme s’assied sur un petit tabouret, étend ses jambes sous le trépied ; alors d’une main il ouvre le robinet ou piston, l’eau coule sur les parois du verre, & lave avec une éponge l’extérieur de la bouteille ; ensuite, armant cette bouteille d’un entonnoir, il y laisse couler la quantité suffisante d’eau pour la rincer, ferme le robinet, y jette la chaîne ou le plomb, l’agite en tout sens, écoule cette eau dans un baquet, retient la chaîne, présente de nouveau la bouteille sous le robinet, y laisse couler de l’eau, l’agite, l’écoule, & enfin, il en passe de nouvelle jusqu’à ce que le verre soit parfaitement net. Comme cet homme ne sauroit se déplacer, un aide lui approche les bouteilles, & remporte celles qui sont rincées. Il résulte de cette opération bien simple, qu’il faut beaucoup moins d’eau, & que l’eau dont on se sert, est toujours propre & nette.

Si les bouteilles ont contenu des essences spiritueuses, des odeurs, il est très-difficile de les en dépouiller. On n’y réussit qu’à la longue, & par des lavages répétés. Si elles ont renfermé des substances huileuses, les lessives alcalines (voyez Alcali) les plus fortes, peuvent seules les en dépouiller. L’alcali, uni à l’huile, en fait un savon, & cette huile, dans son état de combinaison, devient soluble dans l’eau & cède aux lavages réitérés. Ainsi