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est prudent de lier les différentes parties qui le composent, afin de pouvoir le retirer avec facilité. Il vaudroit mieux n’en point employer, que de tamponner la plaie, & de dilater ses bords intérieurs & extérieurs. Son usage est d’absorber le pus qui séjourne au fond, & de procurer l’écoulement des matières purulentes.


BOURGEON, Botanique. Rien de plus ordinaire que de voir les auteurs qui ont écrit sur le jardinage, en général sur la botanique, confondre ces trois mots, bourgeon, bouton & œil. Ils les emploient indifféremment pour désigner ces petites excroissances ligneuses, que l’on remarque entre le corps de la branche & le pédicule des feuilles. De-là naît une espèce de confusion qui répand quelquefois du louche sur ce qu’ils veulent dire. Pour éviter un pareil reproche, nous aurons très-grand soin de distinguer dans nos explications, ce que la nature elle-même semble si bien différencier. Aux yeux de l’observateur, il y a une vraie progression qui empêche de les prendre les uns pour les autres.

L’œil est ce petit stilet verdâtre, pointu, & qui n’est, pour ainsi dire, que le germe du bouton. (Voyez le mot Œil)

Le bouton est ce même germe développé, porté déjà sur une tige ligneuse, mais encore tendre, & qui par sa forme peut annoncer s’il ne contient que des feuilles & du bois, ou s’il renferme le précieux dépôt de la multiplication par les fleurs & les fruits. (Voyez le mot Bouton)

Le bourgeon enfin est ce même bouton, beaucoup plus développé, plus avancé, dont la tige a acquis de l’accroissement, tant en grosseur qu’en longueur. C’est une jeune pousse, une branche naissante, un arbre en petit ; en un mot, c’est la pousse d’une année qui a eu pour mère une branche, pour père un bouton, & pour nourrice une feuille.

Trois saisons bien distinctes sont l’espace de tems que la nature a prescrit pour le passage de l’œil à son entier développement dans l’état de bourgeon. Le printems & le commencement de l’été voit naître l’œil ; il croît, acquiert de la force, & devient bouton vers le solstice ; il se fortifie de plus en plus, se nourrit dans l’automne, où l’on peut déjà y distinguer les rudimens des feuilles & les germes des fleurs. Enfin, vers la fin de l’hiver, au retour du printems, lorsque la chaleur vernale développe tout, le bouton grandit & devient bourgeon. Le froid resserre les pores du bourgeon, le fait changer de couleur ; & lorsque le bois du bourgeon est trop tendre, à l’approche des gelées, toute sa partie, encore imparfaite, périt. Après l’hiver, lorsque la végétation prend de la force, on observe sur la majeure partie des arbres, que l’écorce prend une couleur différente de celle qu’elle avoit eue jusqu’alors ; par exemple, sur l’ormeau, le bourgeon rougit, sa couleur est vive, ardente, & son écorce très-luisante ; sur le saule, elle devient verte, &c. &c. Mais dès que cette seconde année est passée, l’écorce acquiert une couleur semblable à celle du reste de l’arbre.