Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/424

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de bouge ; l’ouvrier va au plus expéditif ; la coutume, & souvent l’ordonnance des pays s’opposent au perfectionnement de l’ouvrage. La raison en est bien simple : les gens en place aiment à faire des ordonnances sans avoir préalablement jugé par comparaison. Un tonneau, une barrique, &c. ne sauroient avoir trop de bouge, ni trop avoir la forme d’un fuseau tronqué par les bouts. Lorsqu’on roule un vaisseau bien bougié, il ne porte alors que sur quelques points, & un enfant le conduit où il veut, & comme il veut ; si, au contraire, il touche la terre sur une surface de deux pieds, la résistance est en raison de cette surface, & par conséquent triple ou quadruple de la première ; il faut donc alors une force triple ou quadruple pour le faire mouvoir.

Le second avantage qui résulte du bouge renforcé, est la solidité du vaisseau, les douves joignent beaucoup mieux, & font plus la voûte. Il faut plus de peine, il est vrai, pour les réunir, mais c’est l’affaire d’un tour de tourniquet de plus ou de moins pour commencer à les serrer ; les cerceaux font le reste.

Le troisième avantage résulte du peu de vide qui reste entre la surface de la liqueur & le trou du bouchon. Tout le monde sait que le vin, que l’eau-de-vie, &c. s’évaporent dans le tonneau ; que le vin, par une fermentation insensible, dépose ses parties les plus grossières, qu’elles occupent alors moins de place, & par conséquent que le vide augmente. Si le tonneau que je suppose de quatre pieds de longueur n’a qu’un pouce de bouge, il est clair que s’il manque un demi-pouce de vin dans le vaisseau, il y aura plus de trois pieds de surface vide sur la longueur, & sa largeur sera proportionnée ; mais si ce même vaisseau à trois pouces de bouge de chaque côté, le premier vide supposé ne s’étendra pas à un pied, & sa largeur sera proportionnée. Tout le monde sait encore que l’évaporation ne se fait que par les surfaces ; par conséquent, plus il y aura de vide dans le tonneau, plus l’évaporation de la liqueur qu’il contient sera considérable. Au mot Tonneau, j’entrerai dans de plus grands détails.


BOUILLIE, Nourriture & Médicament. C’est une nourriture grossière & indigeste, dont on a coutume de farcir l’estomac des enfans à la mamelle. Les gens éclairés ont beau représenter combien cet usage est pernicieux à la santé délicate de ces êtres foibles ; l’aveuglement est tellement opiniâtre, que l’abus croît & se multiplie comme les têtes de l’hydre.

Ces ignorans entêtés voient en-vain les maladies nombreuses & meurtrières être les suites de cet usage de donner de la bouillie, rien ne peut déraciner ce préjugé : le plus grand nombre des enfans qu’on nourrit avec la bouillie, sont sujets aux aigreurs, aux vers, aux engorgemens & aux obstructions des glandes du ventre, au carreau, aux coliques, aux dévoiemens & aux convulsions : quelques personnes croyant rendre la bouillie plus salutaire & moins nuisible, on a conseillé de faire rôtir la farine : mais qu’arrive-t-il de ce procédé ? La par-