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celui des bêtes à cornes & des chevaux, à deux cens ; & celui des veaux & des poulains, à cent. Mais nous devons observer que parmi les différentes espèces de plantes, il y en a plusieurs que les bestiaux choisissent & mangent par préférence dans une saison, tandis qu’ils n’y touchent point, & que même ils rejettent dans une autre ; & que ce qui les détermine à manger telle ou telle espèce de plante, est relatif à une infinité de circonstances qui empêchent de donner des règles certaines & positives à cet égard. La sabine, l’herbe aux puces, les feuilles & le fruit de fusain, les espèces de napel, par exemple, donnent la mort aux chèvres, tandis qu’elles s’engraissent en mangeant la dictame & la quinte-feuille ; elles mangent aussi impunément la ciguë ordinaire, quoi qu’elle soit un vrai poison pour les vaches ; mais l’âne y est quelquefois trompé ; quand cela arrive, cet animal ne tarde pas d’en éprouver l’effet narcotique, puisqu’il tombe dans un état d’insensibilité dans lequel il ne donne aucun signe de vie.

Nous concluons de tout ceci, qu’il est très-difficile de parvenir à la connoissance parfaite de certaines maladies des animaux, si l’on n’a observé des effets sensibles de plusieurs plantes. Telle maladie est souvent attribuée dans les campagnes, à des causes très-éloignées tandis qu’elle n’est dûe, peut-être, qu’à l’action de quelque plante, qui agit toujours dans l’intérieur de l’animal, & rend impossible la guérison de la maladie dont le vétérinaire ou le maréchal s’occupent, & dont ils ignorent la vraie cause. (Voyez le mot Bétail ; on y a indiqué des moyens économiques de les nourrir pendant l’hiver.)

Voici la manière dont on nourrit les chèvres pendant l’hiver, au Mont-d’Or, près de Lyon. Cette montagne est renommée pour ses fromages, soit frais, soit demi-raffinés ou en crême, soit complétement raffinés, dont il se fait une si grande consommation à Lyon, & par les envois dans tout le royaume. L’animal ne sort jamais de l’écurie ; & comme la corne de son pied n’est pas usée par la marche, souvent elle s’aplatit à l’extrémité, & s’alonge quelquefois jusqu’à huit ou dix pouces. Il est impossible que dans cet état la chèvre qui aime si fort à gravir, puisse se tenir sur les rochers. Cet alongement de la corne du pied est-il une maladie ou une suite de la vie sédentaire ? Le fait n’est pas encore bien décidé.

Les propriétaires de vignobles jettent le marc du raisin dans des cuves, le couvrent d’eau, de manière qu’il y baigne entiérement, & le conservent ainsi pour la nourriture d’hiver. Aussitôt après que le raisin a été coupé, on ramasse autant qu’il est possible, des feuilles de vigne, que l’on foule & que l’on comprime dans des cuves, dans des tonneaux, dans des citernes, &c. & on les remplit d’eau de manière qu’elle surnage les feuilles. Il faut que les feuilles aient auparavant été lavées à grande eau, afin de les dépouiller des parties terreuses qui les recouvrent.

Si cette méthode est économique