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Section II.

Qualités du Bœuf propre au travail. De sa nourriture.

Un bœuf propre au travail doit avoir la tête courte & ramassée, l’oreille grande, velue, unie, la corne forte, luisante, & de moyenne grandeur ; le front large, les yeux gros & noirs, le col charnu, les épaules grosses, larges & chargées de chair ; le fanon pendant jusque sur les genoux, les côtés étendus, les reins larges & forts, le ventre spacieux & tombant, les flancs proportionnés à la grosseur du ventre, les hanches longues, la croupe épaisse & ronde, les jambes, les cuisses grosses, charnues & nerveuses, le pied ferme, l’ongle court & large ; il doit être docile, obéissant à la voix, d’un poil luisant, doux, épais, de belle taille, & de l’âge de cinq ans jusqu’à dix.

Dans les pays où les terres sont légères, on peut faire servir la vache à la charrue ; mais lorsqu’il s’agit de l’employer à cet usage, il faut avoir le soin de l’assortir avec une vache de sa force & de sa taille, afin de conserver l’égalité du trait, & de maintenir le soc en équilibre.

En hiver, le foin, la paille, un peu d’avoine & du son ; en été, l’herbe fraîche des gras pâturages, les lupins, la vesce, la luzerne, sont de très-bons alimens pour le bœuf qui travaille. La luzerne donnée en trop grande quantité & sans discrétion, lui fait gonfler le ventre, & met souvent l’animal en danger de périr. Les feuilles d’orme, de frêne, de chêne, lui donnent le pissement de sang. (Voyez Pissement de sang) Les premières herbes ne lui valent rien ; & ce n’est que vers la mi-Mai qu’il faut le laisser paître jusqu’au mois d’Octobre, en observant surtout de ne point le faire passer tout-à-coup, mais peu à peu, du vert au sec, & du sec au vert.


Section III.

De l’heure à laquelle le Bœuf doit commencer & finir son travail.

En été, le bœuf doit commencer à travailler le matin, depuis la pointe du jour jusqu’à neuf heures ; & le soir, depuis deux heures, jusqu’après le soleil couché. Au printems, en hiver & en automne, on le fait travailler sans discontinuer, depuis neuf heures du matin, jusqu’à cinq heures du soir. Cet animal va d’un pas tranquille & égal ; il ne lui faut en labourant, ni avoine, comme au cheval, ni presque point de foin dans l’intervalle du travail, & n’a pas besoin même d’être ferré, comme nous l’avons déjà dit, à moins que ce ne soit dans un pays pierreux, & qu’il soit destiné à la charrette.


Section IV.

À quel âge finit-il de travailler ? & comment l’engraisse-t-on ?

C’est à douze ans qu’on tire le bœuf de la charrue pour l’engraisser & le vendre. Cet animal peut être engraissé dans toute saison. L’été est cependant à préférer. À cet effet, on le conduit à la prairie de bon matin, & on le ramène à l’étable quand la chaleur commence à se