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charge de deux chevaux, tient deux bichots.


BIDET. (Voyez Cheval)


BIENNE, ou Bisannuelles. Terme de botanique, pour désigner la durée d’une plante. Celles qui ne vivent que deux ans, comme le persil, le salsifis, sont appelées biennes. Le caractère botanique pour annoncer cette qualité, est ♂, qui est celui de la planète de Mars, dont la révolution autour du soleil est de deux ans. M. M.


BIÈRE. Liqueur ou boisson spiritueuse qu’on peut faire avec toutes les semences farineuses, mais pour laquelle on préfère communément l’orge & ses espèces. C’est, à proprement parler, un vin de grain. Tout corps qui contient un mucilage sucré, lorsqu’il est étendu dans une quantité d’eau convenable, & lorsque par la préparation on a développé le principe sucré, alors il fermente & donne une liqueur vineuse dont on retire l’esprit ardent par la distillation. Les égyptiens, dit-on, ont inventé l’art de faire la bière, & c’est de l’Égypte que la bière a passé dans le reste du globe. La ville de Peluse lui donna son nom ; & on l’appeloit bière pelusienne ; on y en fabriquoit de deux espèces. D’Égypte, elle passa dans les Gaules, en Flandre, en Angleterre ; & du tems de Polybe, les espagnols buvoient de la bière. Il est constant qu’après l’eau, la bière paroît la liqueur la plus naturelle, sur-tout pour les pays où la vigne ne peut croître. L’homme s’écartant peu à peu des loix de la nature, a recouru aux boissons spiritueuses pour ranimer ses forces, ou peut-être plus encore pour satisfaire sa sensualité ou un goût déréglé, & de l’exemple est venu l’imitation. En effet, la bière répugne à ceux qui en boivent pour la première fois, & le vin fait déplaît à un enfant. Il est seulement agréable pour lui dans sa nouveauté, parce que le principe sucré est encore très à nu. C’est donc plus l’exemple des uns & des autres, que le besoin, qui consacre & perpétue l’usage des liqueurs fermentées.

Les farines de toutes les graines extraites par une suffisante quantité d’eau, & abandonnées à elles-mêmes, au degré de chaleur propre à la fermentation spiritueuse, subissent naturellement cette fermentation, & sont métamorphosées en véritable vin. (Voyez le mot Fermentation, où seront détaillées les conditions requises à ce sujet.)

Pour faire la bière, il faut d’abord faire tremper dans l’eau froide les grains qu’on lui destine ; peu à peu ils s’imbibent de cette eau, & le grain se renfle. Il est retiré de cette eau, & mis en tas de six à huit pouces d’épaisseur, dans un lieu convenablement chaud, où il germe, & il faut le retourner souvent pour empêcher la trop grande chaleur, & donner de l’air aux grains. On le laisse ainsi jusqu’à ce que le germe ait acquis environ six lignes de longueur. Enfin, le plus grand nombre se sert de la tourraille. Elle est composée d’un très-grand fourneau surmonté d’une trémie, dont les côtés sont construits de briques, de manière à ne pouvoir être altérés par le grand feu qu’on fait dans le fourneau. La partie