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long de sa tige, en conservant les jets placés au sommet de l’arbre. À l’égard des autres, ils sont traités comme à l’ordinaire, avec la différence qu’on laisse autour de leurs cimes quelques bouts de branches en forme de chicots, par où les arbres repoussent avec plus d’aisance, & prennent une tête arrondie ; le chêne se coupe tout du long, & sans qu’on y laisse aucune branche.

L’état de la pousse des jeunes arbres décide leur première taille ; mais dès qu’une fois on les a soumis à cette taille ou émondure, il faut quatre ans d’intervalle entre les coupes des bois de rivière, & cinq ans pour les autres. Les vieux arbres qui sont en retour, peuvent être élagués comme les autres. L’expérience en a été faite sur des ormeaux & des marronniers d’Inde très-gros, & ils ont tous poussé avec force, quoique leur tronc fût resté sans aucun jet extérieur. Le seul inconvénient à craindre, est celui des gerçures sur l’aire de la coupe. Il est facile de prévenir la pourriture intérieure, en recouvrant la plaie avec de la terre grasse, mêlée de paille longue, ou avec l’onguent de S. Fiacre. (Voyez ce mot)

Les bêtes à laine mangent le matin le foin pur ou mêlé avec la paille ; à midi, & les jours qu’elles ne sortent point, on leur donne la feuille, & le soir la nourriture du matin. Pour accoutumer les agneaux aux feuilles, on commence par leur donner celles des arbres de rivière ; après quoi toutes les autres espèces passent en revue, & on finit par celles de chêne, qui paroissent leur convenir mieux que toute autre.

Les propriétaires dont les métairies regorgent de fourrages, regarderont les détails dans lesquels je viens d’entrer, comme des objets minutieux & de peu de valeur ; mais comme leur nombre est malheureusement bien petit en comparaison des propriétaires moins aisés, j’espère que ces derniers ne les regarderont pas du même œil. Je les ai mis sur la voie ; c’est à eux de profiter de toutes les petites économies que je leur indique.


CHAPITRE II.

Vues générales sur l’entretien domestique du Bétail.

On doit sur ce sujet, à M. Tschiffeli de Berne, une suite d’observations aussi judicieuses qu’importantes, & qui ont commencé à produire une révolution en ce genre dans la Suisse, où l’on élève une quantité prodigieuse de bestiaux. Puisse l’exemple qu’il a donné être imité en France. Voici comment il s’explique.

La question se réduit à savoir si l’entretien domestique du bétail est plus avantageux que de l’envoyer paître, tant par rapport au profit direct qu’il doit donner que par rapport aux engrais qu’il procure.


Section première.

Des avantages de l’entretien domestique.

Supposé que l’avantage que procure la multiplication des engrais par cette méthode, fût contre-balancé par la diminution du profit réel, il s’ensuivroit que cette mé-