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champs entiers en choux frisés. On dégarnit successivement les tiges de leurs feuilles inférieures ; & les feuilles du sommet, nuancées de toutes les couleurs, & panachées, offrent un joli coup d’œil. Toutes les feuilles de choux, en général, sont plus profitables aux vaches, aux brebis & aux chèvres, à demi-cuites, avec du son, ou sans son, que si on les leur donnoit crûes ; l’abondance du lait dédommage amplement de la peine qu’on se donne & du bois qu’on consume. Il ne faut pas négliger la culture du choux-rave ; il fournit beaucoup de feuilles, & souvent une racine bonne à manger, grosse comme la cuisse.

2o. Des plantes graminées. C’est la famille par excellence, celle qui fournit le plus abondamment à la nourriture de l’homme & des animaux ; cependant je ne parlerai pas ici de celles qui sont la base de nos prairies, de celles qui produisent le froment, le seigle, l’orge, l’avoine, l’épeautre, &c. Leurs grains sont trop précieux, trop utiles à la nourriture de l’homme, pour les sacrifier aux bestiaux ; mais le blé de Turquie, dans les provinces où il n’est pas employé en aliment, fortifie les bœufs, donne du lait aux vaches, engraisse les moutons destinés à la boucherie, & fait acquérir à la volaille cette graisse & cette délicatesse, qui les fait rechercher. Les pommes de terre cuites, & le maïs, donnent aux dindes de Saint-Chaumont une grosseur monstrueuse, & une chair fine & savoureuse. Il en est ainsi pour les volailles qu’on élève en Bresse, & qui surpassent en qualité toutes celles du royaume. Le gros & le petit millet, le sorghum ; en un mot, toutes les plantes graminées offrent des grains utiles. Tout le monde sait que le maïs porte au sommet de ses tiges de longs panicules de fleurs mâles, & que la fleur femelle est portée sur épi dans la partie la plus inférieure de la tige. Dès que les fleurs femelles sont fécondées, on coupe toute la tige chargée de feuilles qui la surmontent, & elle fournit une bonne nourriture d’été & d’hiver, aux bœufs, aux moutons & aux mules. Les feuilles des tiges du sorghum ont le même avantage, & elles en offriroient un bien plus considérable encore, si l’expérience que j’ai sous les yeux réussit. Après avoir fait couper ces tiges lors de la maturité de la graine, à la fin du mois d’Août, il a repoussé de nouvelles tiges par le pied. Je ne sais si elles parviendront à donner une seconde récolte ; mais quand cela ne seroit pas, elles offriront au moins un fourrage assez abondant, capable d’être coupé à l’entrée de l’hiver. La plante supportera-t-elle impunément les rigueurs de l’hiver ? Je l’ignore. Je rendrai compte de ces expériences, en parlant du sorghum. (Voyez ce mot) On peut même tirer partie du chiendent, qu’il est essentiel de détruire partout où il se trouve. Il faut le cueillir, l’arracher lorsque ses pousses sont encore tendres, le mettre sécher pour l’arrière-saison. Alors on le fait macérer quelques jours dans l’eau, & on le donne aux bestiaux, La partie sucrée qu’il contient, excite leur appétit. Il n’existe point de petites économies pour le propriétaire vigilant, & il trouve dans les petits soins, mille ressources