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le mouton est forcé de trop lever la tête, & la poussière & les brins de paille tombent sur sa toison, sur celles de ses voisins, & les gâtent. Si le râtelier est placé trop bas, le fourrage se confond avec la paille qui sert de litière, & ce mélange dégoûte l’animal & l’incommode. En général, l’animal gâte plus de fourrage qu’il n’en mange. On évitera ces inconvéniens, en faisant enlever chaque semaine, ou tous les quinze jours au plus tard, la litière. Ces détails paroîtront minutieux à ceux qui s’occupent peu de la qualité de la laine ; mais ils ne savent pas que par le concours de plusieurs petits soins, elle acquerra une valeur beaucoup plus considérable. Le râtelier, les auges, &c. doivent être construits avec du bois susceptible de prendre le plus grand poli. S’il est raboteux, chargé d’esquilles, de piquans, la laine de l’animal qui passe auprès, ou qui s’y frotte, se déchire, s’écorche, & c’est ordinairement la plus belle laine qui se détériore, puisque c’est celle du dos.

Il résulte de ce qui vient d’être dit, que le râtelier doit être stable, ferme, solide, & placé à une hauteur convenable, c’est-à-dire horizontale avec le dos du mouton ; alors il ne sera pas forcé de lever ni de baisser la tête.

Quatre pièces de bois fichées en terre, servent à établir le lit du berger dans un des coins de la bergerie ; quelquefois il n’y a que deux pièces sur le devant, & les traverses sont scellées dans le mur. Un drap, une couverture & de la paille, complettent son lit. Plus il sera élevé au-dessus du sol, plus le berger sera couché sainement ; l’air vicié est plus pesant, & remplit le bas de la bergerie. Un certain nombre de claies, des fourches, des pelles, &c. sont les autres meubles.

Si le sel marin, présent précieux que nous a fait la nature pour prévenir la dépravation de nos humeurs, ne coûtoit pas si exhorbitamment cher, je placerois au rang des meubles de la bergerie, une certaine quantité de petits sacs qu’on rempliroit de sel de tems à autre, & surtout dans les saisons pluvieuses. Les moutons lécheroient ces sacs, leur salive dissoudroit à fur & mesure une portion de ce sel, & la mortalité seroit moins considérable. À l’article Bétail, on discutera les bons ou les mauvais effets du sel.

La prudence veut que la lampe qui sert à éclairer la bergerie, soit placée à une certaine hauteur, dans un endroit fixe & permanent ; qu’elle soit fermée dans une espèce de lanterne, & qu’un grillage de fer recouvre le tout. La plus légère imprudence devient terrible par ses effets, & un maître vigilant ne sauroit veiller de trop près.

VI. Du dépôt des fourrages. On a vu, Article III, combien il étoit absurde de couper la hauteur de la bergerie par un plancher, soit en planches, soit en claies ; qu’il contribuoit à rendre l’air plus promptement vicié, & à abîmer les toisons par les ordures qui en tombent sans cesse. Il reste à parler d’un troisième vice aussi préjudiciable que le premier. Pour économiser sur l’emplacement, pour mettre plus directe-