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cines aux points par où elle touche la terre, & ces racines poussent à leur tour des tubercules plus ronds que longs, & d’un jaune plus ou moins rougeâtre ; les racines sont chevelues & laiteuses ; les feuilles sont d’un verd clair en dessus, un peu blanchâtres en dessous ; les fleurs petites, en entonnoir, vertes extérieurement, & blanches intérieurement ; elles sont d’une seule pièce sans découpure, & leur calice est d’une pièce à quelques dentelures. La plante est vivace.

On la multiplie, non par des semis, ce seroit perdre du tems & du travail inutilement ; mais on la coupe par quartier, en observant que chaque quartier ait au moins un œil ou deux ; ou bien on plante de petites batates toutes entières. On peut les espacer, même à plus de dix ou douze pieds, parce que chaque tige, à la distance de deux à quatre pieds, prend racine & forme une plante nouvelle. Si l’on veut qu’elle produise beaucoup de batates, il faut travailler la terre, sur-tout en cet endroit, & fumer.

Cette racine, ou plutôt ce tubercule est farineux comme la pomme de terre, & sa saveur en est infiniment plus délicate. Elle nourrit beaucoup, & la nourriture qu’elle offre est saine, quoiqu’un peu venteuse ; si on la fait cuire sous les cendres, elle perd cette qualité incommode. Je ne désespèrerois pas qu’entre les mains de M. Parmentier, elle ne fût bientôt réduite en pain excellent. On l’emploie dans tous les apprêts comme la pomme de terre.

Les espagnols l’ont naturalisée chez eux en Europe ; elle n’a plus qu’un pas à faire pour être naturalisée en France, au moins dans nos provinces méridionales où elle seroit une bonne ressource, sur-tout dans les tems de disette. Ses tiges ont encore l’avantage précieux pour ces provinces, de servir de fourrage aux chevaux. Si quelqu’amateur veut faire l’essai de cultiver cette plante dans la France méridionale, je lui conseille de faire venir d’Espagne des tubercules & de la graine, de planter les unes & de semer les autres. Il est plus aisé de naturaliser les plantes par la graine que de toute autre manière. Je vais en faire l’essai & j’en rendrai compte, s’il est possible, au mot Pomme de terre, ou à la fin de cet ouvrage. La batate une fois naturalisée dans nos pays chauds, on pourra peu à peu l’acclimater de proche en proche dans nos provinces situées plus au nord. Cette racine & celle du manioque sont la nourriture ordinaire des noirs dans nos îles.


BÂTIMENT. (Voyez Ferme)


BATTAGE, ou Dépiquage, est l’action de séparer le grain de l’épi, soit avec le fléau, soit en faisant fouler les gerbes par le pied des animaux. Suivant la coutume des différentes provinces, on bat ou à l’air, ou dans des lieux fermés ; tout dépend de l’habitude, & chacune a ses avantages : la dernière méthode permet de battre pendant l’hiver, tems auquel les travailleurs sont moins occupés dans les pays où il y a peu ou point de vignobles à façonner.

Avant de battre le blé, il faut préparer l’Aire. (Ce mot a été oublié dans le premier volume) L’aire doit être bien exposée à tous les