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être défoncé au moins à deux pieds de profondeur ; la terre en être bonne, légère, substantielle. Les arbres y seront plantés à deux pieds de distance les uns des autres en tout sens. Telle est la pratique ordinaire. Il en résulte un abus essentiel ; on est obligé de couper le pivot de l’arbre, & de châtrer, de racourcir les autres racines. Il poussera, il est vrai, de nouvelles racines ; mais lorsqu’on le plantera de nouveau & à demeure pour figurer dans un verger ou dans un jardin, il ne poussera jamais avec la même vigueur que l’arbre planté avec ses racines entières & son pivot. Deux raisons puissantes concourent à l’affoiblissement de l’arbre ; 1o. son état défectueux ; 2o. les racines des arbres voisins auront travaillé pendant deux ou trois ans ; elles sentiront la terre fraîchement remuée pour planter le nouvel arbre, elles pousseront vivement de ce côté, viendront affamer celles de leur compagnon ; de sorte que sa végétation sera languissante, & celle des racines voisines forte & active. On est souvent étonné du peu de réussite des secondes plantations ou remplacemens ; en voilà les causes.

Au lieu de deux pieds de distance d’un arbre à un autre, je demande que l’on en donne quatre & même cinq ; il n’y aura qu’un peu plus de terrain employé ; & que les jeunes arbres que l’on plantera dans la batardière conservent leur pivot & toutes leurs racines. On sera sûr, lors de la replantation, de la reprise de l’arbre, si dans ce moment on a pour ses racines les mêmes attentions qu’en le sortant de la pépinière & en le plaçant dans sa batardière.

Le sol de cette seconde pépinière, ou plutôt de ce dépôt, sera fossoyé au moins deux fois l’année, à la sortie de l’hiver & au mois de Juillet. Les arrosemens ne seront pas négligés, puisqu’on sent combien la multiplicité des racines absorbera l’humidité de la terre. Le bien-être des jeunes arbres exige de fréquens sarclages, & il seroit ridicule, quoique quelques auteurs le conseillent, de semer des légumes, surtout dans les batardières ou les arbres ne sont espacés que de deux pieds ; ils ont peur sans doute que l’arbre réussisse trop bien. Il n’est pas possible d’imaginer une parcimonie plus mal entendue.


BATATE. Ce qui est dit de la batate dans le Dictionnaire Encyclopédique, & dans plusieurs autres ouvrages sur l’agriculture, où il a été copié, doit nécessairement jeter dans l’erreur. Il réunit sous la même dénomination la batate, le topinambour, la pomme de terre ou patate. La première espèce est originaire des deux Indes ; c’est un convolvulus. Le Brésil a fourni la seconde qui est un helianthus ; la Virginie a donné la pomme de terre, & c’est un solanum. (Voyez les mots Pomme de terre,Topinambour.) Aucun caractère botanique ne rapproche ces trois plantes, à moins qu’on ne prenne pour caractère générique & spécifique la racine tubéreuse. La description de ces plantes fera voir qu’on les a mal-à-propos confondues ensemble.

La tige de la batate est verte, rampante, pousse de nouvelles ra-