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dant une année pour les ensemencer l’année suivante.

Je préférerois dans le premier cas, au lieu d’écobuer, de donner chaque année après l’hiver, & lorsque le tems est bien assuré, un léger labour avec la charrue à versoir, afin d’enterrer les herbes ; elles pourriront, & leur décomposition produira la terre végétale, seul principe actif comme terre, pour la végétation. De nouvelles plantes végéteront ; elles seront plus vigoureuses que celles qui les ont précédées, & à leur tour elles serviront de nourriture à celles qui leur succéderont. Le produit dédommagera-t-il des frais d’un labour pendant chaque année ? Oui sans doute, & ce produit sera beaucoup plus fort que celui qu’on retire après l’écobuage. Si on compare la dépense qu’entraîne l’écobuage avec celle de deux ou de trois labourages dans des années différentes & aux momens perdus, on verra que le tout revient au moins au même & par la méthode que je propose, fondée sur l’expérience & sur les loix de la végétation, il est démontré que la récolte sera au moins du double plus forte. Le grand art & le seul de l’agriculture, est de multiplier cette terre végétale soluble dans l’eau.

Chaque année on donnera un labour plus profond que celui de l’année précédente, parce que les racines des plantes auront pénétré plus profondément dans la terre ; de sorte qu’au moment de semer, ce terrain auparavant si maigre, si dépouillé de principes, équivaudra à un terrain léger & bien amendé.

Dans le second cas, il seroit plus avantageux aussitôt après que l’avoine est coupée, d’enterrer le chaume par un labour, que de le brûler sur place, ainsi que cela se pratique dans quelques cantons, ou de l’arracher pour le faire pourrir ensuite sous les bestiaux. Lorsqu’on le brûle, on ne rend à la terre qu’une partie de la portion saline & terreuse, tandis que lorsqu’on l’enfouit, cette partie saline est conservée ainsi que la portion huileuse que le feu fait évaporer. (Voyez le mot Cendre) Arracher le chaume & le porter sous les bêtes, le rapporter ensuite converti en fumier, le répandre sur le champ, sont autant de main-d’œuvre qu’on économise par un seul labour, toujours très-utile au sol, puisque suivant le proverbe, labour d’été vaut fumier. Le soleil a le tems de pénétrer la terre, de faire fermenter les principes qu’elle contient, de les atténuer par sa fermentation & de les combiner ensuite. Labourez de nouveau avant l’hiver, aussi profondément que vous le pourrez : l’effet de la gelée est de soulever la terre, de l’émietter par les dégels & de la rendre perméable à l’eau, à l’air, &c. Lorsqu’au printems suivant la terre sera couverte d’herbes bien fleuries, labourez, ensevelissez les herbes ; & suivant le climat que vous habitez, labourez en automne pour semer ou en Février ou en Mars si le pays est sujet aux grandes gelées du mois de Janvier, ainsi que nous le dirons bientôt.

Le moyen que je propose rend utile l’année de jachère. (Voyez ce mot) Que prétend-on opérer par le repos d’une année ? C’est, répond-on, laisser la terre recouvrer les sucs qu’elle a perdus pour subs-