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que le prompt accroissement d’une plante après la pluie. Qui n’a pas admiré vingt fois cette espèce de merveille ? Les prairies altérées par une longue sécheresse, ne sont couvertes que par des plantes languissantes, dont la tête inclinée vers la terre, semble aller au-devant du peu de vapeurs que la chaleur de l’air fait évaporer : un verd pâle, une maigreur sensible annoncent l’épuisement des racines & des tiges. Tout d’un coup un orage survient, une pluie salutaire arrose les campagnes, tout renaît ; les sucs nourriciers délayés par l’eau, dont la terre vient d’être pénétrée, circulent avec plus de liberté ; la tige se redresse, un verd plus vif la colore, & quelques heures après, la plante s’est élevée de plusieurs pouces de hauteur. Toujours perpendiculaires à l’horizon, les plus petites plantes, comme les plus grands arbres, conservent cette situation, quel que soit le degré d’inclinaison du sol qui les nourrit. Si quelquefois cette loi générale paroît n’être pas observée, des efforts puissans & constans en sont la cause ; mais dès que la plante a repris sa liberté, dès que rien ne s’oppose à son développement naturel, elle se redresse & reprend sa perpendicularité.

Plus nous avançons dans l’examen de l’économie végétale, & plus nous sommes saisis d’admiration par le grand nombre de phénomènes intéressans qu’elle nous offre. Mais si nous nous arrêtons un instant au mouvement de l’air dans les plantes, au mécanisme des trachées, à l’espèce de respiration dont elles jouissent ; si nous suivons les effets de leur transpiration sensible & insensible ; si nous faisons attention que les feuilles sont l’organe principal par lequel se fait une secrétion perpétuelle & abondante ; si, l’œil fixé sur certains individus, nous appercevons des mouvemens de nutation dans différentes parties, des mouvemens analogues à quelques mouvemens spontanés des animaux ; si nous nous représentons les racines de toutes, se portant de côté & d’autre pour aller chercher une nourriture propre, & suivant assez exactement la disposition des branches, pourrons-nous rester froids & insensibles à la vue de tant de merveilles ?

Après avoir parcouru une suite infinie de développemens, la plante est enfin parvenue à son point de perfection ; les organes de sa reproduction se font déjà appercevoir. La fleur, cette partie si agréable, qui charme plusieurs de nos sens, soit par ses vives couleurs, ses nuances délicates, ses mélanges jaspés que le pinceau le plus savant peut à peine imiter, soit par les parfums délicieux dont elle embaume les airs ; la fleur, dis-je, devient le lit nuptial où la plante va se reproduire en donnant la vie à une multitude de germes.

Balancées sur leurs péduncules, la plupart des fleurs y sont adhérentes au point que l’on nomme réceptacle[1]. Le germe tire de ce point sa

  1. Pour bien saisir ce qui va être dit, consultez le mot Fleur & tous les mots cités ici en lettres italiques ; les gravures qui les accompagnent, représentent la forme de toutes les fleurs, & celle de toutes les parties qui concourent à leur formation.