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des crises, par exemple, comme celles de fièvres tierces, quartes, &c. ou à des crises plus retardées ? Ce qu’il y a de bien certain, c’est que les vins même dans les meilleures caves, éprouvent un renouvellement de fermentation qui suit assez régulièrement le renouvellement des deux séves, c’est-à-dire de celles du printems & du mois d’Août.


APÉRITIF. Les médicamens, qui, introduits dans le corps humain, rendent le cours des humeurs plus libre dans les différens vaisseaux qui les renferment, en renversant les obstacles qui s’opposent à leurs sorties, sont nommés apéritifs. On tire ces médicamens des trois règnes de la nature : les différentes préparations du fer, de l’antimoine, du mercure, les savonneux, les purgatifs résineux, & les sels neutres, possèdent la vertu apéritive : ces remèdes conviennent particulièrement dans les obstructions. (Voyez ce mot & l’article Médicament.) M. B.


APHTE, Médecine rurale. Les aphtes sont de petits ulcères superficiels, qui viennent dans la bouche, au palais, à la langue, aux gencives, au gosier, à l’estomac & aux intestins, & qui sont accompagnés d’une chaleur brûlante.

On distingue plusieurs espèces d’aphtes, à raison de leur malignité ou de leur bénignité. Ces derniers creusent peu & sont blancs ; les premiers sont noirs, creusent profondément, & sont très-douloureux ; quelquefois ils sont les produits de la vérole ou du scorbut. Les enfans qui tètent encore y sont plus sujets que ceux qui sont sevrés ; la croûte laiteuse marche quelquefois aussi de compagnie avec cette infirmité. Le levain trop abondant de la croûte laiteuse, reflue vers les glandes, & fait naître des aphtes. Cette maladie est rare chez les personnes dans la vigueur de l’âge ; mais quand elles en sont attaquées, elles annoncent la présence de la vérole ou du scorbut ; chez les vieillards, elles sont la preuve de la décomposition du sang.

La cause qui produit les aphtes, est le dépôt d’une humeur âcre sur les glandes de la bouche, du gosier, de l’estomac & des intestins : mais pourquoi ce levain se dépose-t-il plutôt sur les glandes que sur d’autres parties ? Quelle est la nature de ce levain ? C’est ce que nous ignorons encore. Nous savons seulement que ce levain paroît être acide & fort caustique, & qu’il existe plus volontiers chez les enfans dont les nourrices mènent une vie désordonnée, & qui font usage de liqueurs spiritueuses & d’alimens très-chauds. On sait d’ailleurs que l’acide domine dans la constitution des petits enfans ; que leur urine, leurs excrémens, & toute l’habitude de leur corps exhalent une odeur aigre ; c’est pourquoi ils sont plus exposés que les grandes personnes, à être tourmentés par les aphtes, sur-tout si on leur donne des alimens trop âcres, si on leur fait boire du café, du vin ou des liqueurs. Si le lait qu’ils tètent est de mauvaise qualité, il s’aigrit, & il porte son action plutôt sur la bouche que par-tout ailleurs, parce que c’est sur cette partie qu’il fait