ches ; rarement on prend cette peine.
N’y auroit-il pas un moyen plus utile, & qui assureroit à la haie, comme haie, une plus longue existence, & la feroit servir réellement pour l’objet qui a déterminé à la planter, c’est-à-dire, à interdire à l’homme & aux animaux l’entrée du champ ? Supposons la tige de l’arbuste, encore bien flexible, de quatre pieds de hauteur, & chaque amandier planté à six ou douze pouces de distance l’un de l’autre, je préférerois ce dernier. En inclinant sur une ligne diagonale cette tige dans toute sa longueur, jusqu’à ce que son extrémité fût à un pied & demi de terre, la plante n’auroit plus ce canal direct de la séve qui la fait emporter vers son sommet. La tige voisine seroit inclinée de la même manière, mais dans le sens opposé : de sorte que ces deux tiges se croiseroient à six pouces au dessus du niveau du sol, & formeroient un losange. On voit qu’en inclinant ainsi successivement toutes les tiges de la haie, on auroit des losanges parfaits ; & que chaque tige réunie à ses voisines, formeroit deux & même trois losanges. Si on a l’attention de croiser ces tiges à chaque point de réunion, c’est-à-dire de passer l’une en dedans, & l’autre en dehors, & ainsi successivement, on n’aura pas besoin de recourir aux ligatures pour les assujettir, & s’il en falloit absolument, la filasse suffiroit pour la première année, & on n’en auroit plus besoin par la suite pour la réunion de ces losanges. Les branches qui auront poussé à l’extrémité du losange supérieur, seront également couchées à la fin du mois d’Octobre suivant ; & en continuant toujours ainsi, à mesure que les losanges s’élèvent, on parviendra à avoir une haie impénétrable aux hommes & aux animaux.
La plus grande perfection à donner à ces losanges, est de les greffer par approche à tous les points de réunion des branches ou des tiges. Il suffit d’enlever un morceau de l’écorce & du bois de chaque tige, & de réunir exactement parties contre parties, & de fixer le tout avec une ligature de filasse. Ce procédé sera expliqué plus au long au mot Haie. Un enfant de dix à douze ans suffit pour exécuter cette opération : on est sûr, par ce moyen, que le bois ne s’emportera jamais, que celui des losanges ne poussera que des petites branches à fruit ; & lors même que les losanges inférieurs se dégarniroient de branches, la haie produiroit également le premier effet qu’on en attend, & les losanges supérieurs donneroient du fruit en abondance.
D’après l’idée de M. Bernard, dont il a été fait mention dans le Chapitre précédent, ces haies basses fleuriroient beaucoup plus tard que les arbres à plein vent, & leurs récoltes seroient moins exposées à être détruites dans une nuit.
D’après la réussite d’un premier essai, rien n’empêcheroit de planter dans les champs des haies d’amandiers ; & après avoir greffé les sujets, de les substituer aux arbres à plein vent. Ces expériences méritent d’être tentées ; & par analogie, on peut d’avance répondre du succès. J’ai planté ainsi des haies de poiriers & de pommiers, qui