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que l’herbe y diminue en qualité ou en quantité ; on y sème de l’orge d’été, de l’avoine, quelquefois du seigle de printems, alternativement pendant deux ou trois ans, sans y mettre du fumier ; mais lorsqu’on veut les remettre en pré, on y répand une forte dose de fumier ou de marne.

En Angleterre, on met plus de tems & de façon pour mettre en culture un terrain en friche. Si la terre en est forte & pesante, on l’ouvre en automne ; on lui donne un second labour au printems : après cela, on y voiture & répand l’engrais, & tout de suite on lui donne une troisième façon. L’engrais consiste en soixante, quatre-vingts, jusqu’à cent tombereaux de sable commun, ou autant de marne sablonneuse & non glaiseuse, ou une soixantaine de charretées de fumier mêlé couche par couche, avec le double ou le triple de terre la plus légère, & gardée pendant un an. Si les mottes ne sont pas exactement brisées, on y fait parler une herse pesante. À la mi-Septembre, on donne un quatrième & dernier labour pour semer du froment.

Après la moisson, on laboure ; & au mois de Mars suivant, on donne un second labour pour semer de l’orge. Après la récolte, on renverse le chaume ; & dans la saison, on laboure à demeure pour le froment.

Si la terre est légère & sablonneuse, on se borne à trois labours ; au second, on ensevelit l’engrais ; & au troisième, on sème du froment. L’engrais consiste en une centaine de tombereaux de terre glaise par arpent, ou autant de marne glaiseuse, ou la moitié de vase d’étang, ou cinquante à soixante tombereaux de fumier mélangé de moitié, ou du triple de terre forte.

Cette quantité d’engrais dont on parle ici, ne doit pas effrayer. On suppose le terrain trop maigre pour porter du bled, ou épuisé par des récoltes mal ordonnées.

Après la moisson, on brûle les chaumes, & on y sème des turnips ou navets, dont on se sert pour nourrir les bœufs, vaches, moutons & cochons, pendant l’hiver & pendant le printems. Au printems suivant, on laboure & on sème des pois ; après la récolte, on sème des navets, comme l’année précédente ; & au printems, on laboure & on sème l’orge.

Après ces trois récoltes consécutives de grains, le terrain est mis en herbage ; à cet effet, on brûle le chaume après la récolte, & on laboure pour semer du trèfle, sur lequel on répand pendant l’hiver, & par arpent, douze à quinze tombereaux de fumier mélangé. Comme le trèfle se recueille difficilement, on le sème assez ordinairement avec le raigrass ou fromental.

L’automne de la troisième année, on laboure le trèfle ; & au printems suivant, on fait un second labour pour semer l’orge ; & ensuite deux fois du froment, après deux labours pour chaque semaille. À la fin de la troisième année, on sème du trèfle ou pur, ou mêlé comme il a été dit.

Quelques-uns, au lieu de trèfle, sèment de la luzerne, (voyez ce mot) que quelques auteurs confondent mal à propos avec le sainfoin. (Voyez ce mot) On le cultive comme le