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t-il tout formé dans les plantes d’où on le retire ? ou bien les végétaux ne contiennent-ils que les matériaux propres à le former, & ne doit-il sa naissance qu’à l’acte même de la combustion ? Nous n’entrerons pas dans les discussions relatives à cette question ; elle est absolument décidée par les expériences de M. Rouelle, & le Mémoire de M. Berniard, imprimé dans le mois de Mars 1781 du Journal de Physique, où ce savant démontre que ce sel est tout formé dans les végétaux.

Il se retire par combustion des substances végétales ; on ne se sert guère du procédé de Tachenius, qui consistoit à brûler les plantes en charbon avant de les réduire tout-à-fait en cendres ; au lieu qu’en les brûlant à feu ouvert par la façon ordinaire, elles tombent en cendres tout de suite. Mais les sels extraits à la manière de Tachenius sont moins alcalis, pour ainsi dire, & plus huileux que les sels faits à l’ordinaire. L’alcali le plus commun, & en même tems le moins pur, est celui des cendres des foyers : on emploie ces cendres pour les lessives, dans le travail du salpêtre & dans les verreries où l’on fait du verre brun & commun. Dans le nord, on brûle exprès du bois & des plantes pour retirer de leurs cendres un alcali assez fort, mais très-impur, connu sous le nom de potasse. (Voyez ce mot) Le marc & la lie de vin desséchés, étant brûlés, laissent une cendre très-riche en sel alcali, que l’on appelle cendre gravelée. Le tartre du vin brûlé avec précaution dans des cornets de gros papier mouillé, se change tout entier en un sel alcali très-fort & le plus pur de tous. Comme il mérite à tous égards la préférence, il a donné son nom à tout alcali fixe végétal, qui bien purifié se nomme tout simplement sel de tartre.

Il y a un art de retirer ces sels alcalis en général, & de les purifier, qu’il est bon de connoître.

1o. On prépare une place bien nette, comme des dalles de pierre, ou un espace de terre que l’on bat fortement pour la resserrer & l’unir. C’est là le foyer sur lequel on assemble les plantes que l’on destine à l’incinération.

2o. On fait brûler ces plantes en plein air, & on les réduit en cendres le plus que l’on peut. Il faut, autant qu’il est possible, ménager le feu ; un trop grand feu pourroit volatiliser une partie de l’alcali, & faire entrer en fusion les parties terreuses qui se trouveroient mêlées avec l’alcali.

3o. On recueille avec soin toutes les cendres, & on les lessive dans plusieurs eaux, jusqu’à ce que la dernière lotion soit insipide ; ce qui annonce qu’il n’existe plus de sel à dissoudre.

4o. On fait évaporer toutes ces lessives sur un bain de sable jusqu’à siccité ; l’on trouve au fond des vases à évaporer, l’alcali sous une forme blanche pulvérulente.

Il s’en faut de beaucoup que l’alcali ainsi retiré ait toute la pureté nécessaire pour certaines expériences. Il est presque toujours altéré par une portion d’huile végétale qui n’a pu être consumée dans la combustion, par de la terre surabondante, & sur-tout par quantité