de vomissemens ; la tête devient pesante, tous les sens s’obscurcissent, les mouvemens sont irréguliers, les membres tremblent & sont souvent même agités de légères convulsions ; bientôt la personne suffoquée tombe sans connoissance & sans pouls, la face gonflée & livide, les yeux ouverts & saillans, les mâchoires serrées, le ventre tendu ; & dans cet état d’asphyxie, elle passe plus ou moins promptement à la mort. Il est donc constant par ce détail, que les hommes & les animaux suffoqués par l’air fixe, ont la respiration & la circulation fort gênées ; & dans plusieurs circonstances, le genre nerveux est affecté. S’il est un instant où l’asphyxique touche à la mort, dans tous ceux qui le précèdent il jouit encore de la vitalité ; & tant que ce principe existe, l’état de mort n’est qu’apparent, & il est possible de ranimer les forces vitales qui semblent anéanties. On a proposé plusieurs moyens pour rappeler à la vie les personnes suffoquées : tels sont l’exposition à l’air froid, l’aspersion d’eau froide, l’immersion dans ce fluide, les frictions douces, la chaleur modérée et sèche, le bain de cendres chaudes, les odeurs piquantes, & tout ce qui peut réveiller les sens engourdis, comme l’eau-de-vie & l’esprit-de-vin simple ou camphré, les eaux spiritueuses de mélisse, de Cologne, de la reine d’Hongrie ; les vinaigres simples & aromatiques, le vinaigre radical, l’esprit volatil de sel ammoniac ou alkali volatil fluor, le sel d’Angleterre, celui de corne de cerf, &c. &c. Tous ces remèdes sont bons en eux-mêmes, mais on ne doit pas les employer tous indistinctement. Quand l’asphyxie n’est pas bien considérable ni avancée, la seule exposition à l’air frais & même froid, l’aspersion d’eau froide, suffisent. Quand elle résiste davantage, l’usage des stimulans devient alors nécessaire ; encore faut-il les employer avec la plus grande précaution. On doit éviter le plus qu’on peut leur usage intérieur ; ils peuvent avoir des suites plus conséquentes qu’on ne l’imagine, surtout l’alkali volatil fluor : autant il est salutaire à respirer, autant il est dangereux à avaler, à moins qu’il ne soit étendu dans une si grande quantité d’eau, que sa causticité ne puisse agir sur les vaisseaux par lesquels il passe. Il est sujet à occasionner des soulèvemens d’estomac considérables, des hoquets très-incommodes, des scoriations, & souvent même des convulsions vives, sur-tout aux personnes délicates & nerveuses. En général, quand une personne tombe asphyxiée ou par la vapeur du charbon, ou par celles qui s’exhalent des cuves où le vin ou la bière fermentent, ou par celle des fosses d’aisance, il faut avoir soin d’appeler un médecin habile qui puisse veiller à l’application & à l’administration de ces remèdes. (Voyez Asphyxie)
L’air fixe a la plus grande influence dans le règne végétal : nous l’avons vu servir de nourriture aux plantes, & leur fournir continuellement un principe d’entretien & de conservation ; il se combine avec toutes les substances qui concourent à leur formation durant leur vie ; après leur mort, il agit vivement dans la fermentation de leur fluide, &