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en faisant des efforts violens pour inspirer ; il est suffoqué, & dans un véritable état d’asphyxie qui est suivie assez promptement de mort, si l’on n’apporte des secours nécessaires. (Voyez le mot Asphyxie)

Tous les animaux, les hommes même sont affectés par l’air fixe ; mais tous ne le sont pas également : ceux qui consomment le moins d’air résistent le plus aux impressions dangereuses de ce fluide ; ils ne sont que peu incommodés, & reviennent facilement à leur premier état dès qu’on leur fait respirer l’air ordinaire. Mais les autres ne peuvent éviter la mort quand ils restent trop longtems dans cette atmosphère pernicieuse. Qui ne connoît pas les funestes effets de la vapeur qui s’élève dans les celliers au dessus d’une cuve pleine de vendange ? Combien de malheureux, pour l’avoir respirée, en ont été les tristes victimes ! Les vapeurs qui se répandent dans une brasserie où plusieurs cuves de bière sont en fermentation ; celles qu’exhalent le charbon allumé ; les fosses d’aisance que l’on vide, & certaines mines en exploitation, &c. étant de même nature, occasionnent les mêmes accidens. La transparence & la diaphanéité de l’air fixe sont la cause de ces accidens ; il ne se rend sensible, la plupart du tems, que par ses terribles effets. Il est cependant un moyen très-facile & bien simple de reconnoître sa présence ; c’est de présenter une lumière à cet air ; elle s’y éteindra sur le champ si l’air est absolument vicié.

3o. Cette propriété de l’air fixe de s’opposer à la combustion des corps, est une des plus singulières de ce fluide. Si vous plongez une bougie allumée dans l’atmosphère d’une cuve en fermentation, ou dans un vase plein d’air fixe, aussitôt la flamme se détache de la mèche & vient expirer au dessus de la couche d’air fixe ; la bougie s’éteint. Rallumez-la, & replongez-la de nouveau ; elle s’y éteindra encore, & ce phénomène aura lieu tant qu’il y aura de l’air fixe dans le vase ; mais à la fin elle y brûle très-bien. À chaque fois qu’on la rallume, on est obligé de descendre la bougie de plus en plus dans le vase, parce que dans l’intervalle il s’est mêlé une certaine quantité d’air atmosphérique avec l’air fixe. Un charbon allumé s’éteint pareillement dans une masse de ce fluide. Nous ne pouvons passer sous silence un phénomène qui a le plus grand rapport avec celui dont nous venons de parler ; c’est l’extinction d’un corps qui a brûlé dans un volume d’air atmosphérique non renouvelé. Pourquoi une bougie, allumée au fond d’un vase, diminue-t-elle insensiblement d’éclat, & finit-elle par s’éteindre ? c’est que l’air le plus pur est le seul intermède qui puisse servir à la combustion. Celui de l’atmosphère étant un mélange de cet air très-pur avec l’air fixe, pendant la combustion l’air très-pur est absorbé ; il ne reste plus que l’air fixe qui, comme nous l’avons vu plus haut, s’oppose absolument à toute combustion.

4o. L’air fixe a la plus grande facilité pour se combiner avec l’eau ; elle peut même s’en charger d’un volume égal au sien. Cette eau prend alors un goût piquant & acidule. Cette saveur dépend absolument de