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sive produit l’accroissement. La tige de la racine, comme celle du tronc & des branches, est formée d’un nombre prodigieux de lames, de couches ligneuses concentriques les unes aux autres, composées de différens faisceaux de fibres végétales. La moelle occupe le centre, & l’intervalle des couches est rempli par une substance médullaire. L’accroissement en largeur ou grosseur résulte de l’épaississement & de l’augmentation du nombre des lames, & leur alongement produit l’accroissement en longueur. La partie de la lame qui croît & s’endurcit la première, est celle qui compose le colet ou la base de la tige ; & la lame totale qui croît & s’endurcit la première, est la plus intérieure, ou celle qui environne immédiatement la moelle. Cette lame est recouverte d’une seconde lame, qui, demeurant plus ductile & plus herbacée, s’étend davantage : une troisième lame renferme celle-ci, qui, s’endurcissant encore plus tard, prend encore plus d’accroissement. Il en est de même d’une quatrième, d’une cinquième ou d’une sixième lame. Toutes diminuant ainsi d’épaisseur & s’inclinant vers l’axe de la tige, à mesure qu’elles approchent de son extrémité supérieure, forment autant de petits cônes inscrits les uns dans les autres ; d’où résulte la figure conique de la tige & des branches. De l’assemblage des petits cônes qui se sont endurcis, pendant la première année, se forme un cône ligneux qui détermine la crue de cette année. Ce cône est renfermé dans un autre cône herbacé, qui n’est autre chose que l’écorce, & qui fournira l’année suivante un second cône ligneux, &c. Ainsi l’arbre croît en grosseur.

Sa crue en longueur résulte du développement des bourgeons. On peut concevoir le bourgeon comme une vraie plante située à l’extrémité d’une autre. Il s’étend & s’élève assez promptement tant qu’il est herbacé ; mais dès qu’il devient ligneux, ce qui arrive insensiblement, la crue diminue : enfin, lorsqu’il est endurci & devenu bois, il a atteint son état parfait & cesse de croître.

Mais comment se forment ces couches ligneuses ? Quel est le méchanisme du développement du bourgeon ? Les couches ligneuses sont-elles produites par le liber converti en bois, & qui, s’attachant au bois déjà formé, occasionne l’augmentation en grosseur ? L’écorce, proprement dite, leur donne-t-elle naissance, ou bien est-ce une matière visqueuse qui, se rassemblant entre le bois & l’écorce, s’endurcit ensuite & devient aubier & bois ? Quelqu’intéressantes que soient ces questions, nous renvoyons nécessairement aux mots dont elles dépendent. (Voyez Bourgeon & Couches ligneuses.)

Il suit de tout ce que nous avons dit sur l’accroissement, tant du règne animal que du règne végétal, que les mêmes causes qui produisent la crue de l’être vivant, doivent nécessairement le conduire au décroissement, à la vieillesse & à la mort. Le décroissement dans la plante n’est pas aussi sensible, peut-être parce qu’il n’a pas été assez examiné, que dans l’animal. Tous les vaisseaux développés, l’abondance & l’impétuosité des fluides balancés par les forces des solides résistans, la