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noyaux rassemblés en 1780. (Voyez le mot Semis)

2o. De la nature du terrain. L’abricotier craint un sol argilleux, glaiseux, compacte & humide. S’il est trop chargé de fumier, ainsi que celui des pépiniéristes, il aura beaucoup à souffrir, lorsqu’on le replantera. Cet article sera traité plus au long au mot Pépinière. Choisissez donc un terrain bon & léger ; cela suffit.

3o. Manière de pratiquer les semis. Si vous n’employez pas celle indiquée au numéro 1o, en voici une qui accélère beaucoup la germination, & donne le tems à l’arbre de faire beaucoup de progrès dans la première année, ce qui est un point très-important. Mettez dans un vase peu profond une quantité de noyaux, aussitôt que vous les aurez retirés de l’eau, pour vous assurer de leur qualité ; couvrez-les de terre légère ; faites un second lit de noyaux & de terre, & ainsi de suite, jusqu’à ce que tout le vase soit plein. Le sable ou la terre doivent toujours être tenus légèrement humides : trop d’humidité feroit pourrir les noyaux, & avec trop de siccité ils ne germeroient pas. Placez ce vase dans un lieu chaud, de 12 à 15 degrés de chaleur du thermomètre de Réaumur. Vous pouvez commencer cette opération en Janvier, ou plutôt si le climat est tempéré, comme celui de la Basse-Provence & du Bas-Languedoc. Vers le 15 Février, vos noyaux seront en état d’être plantés ; leur germination aura commencé, & la radicule sera visible. Une grande attention qu’on doit avoir, c’est de ne pas blesser cette radicule, en tirant les noyaux du vase ou en les plantant. Il ne s’agit plus que de les garantir des gelées tardives par le moyen de la paille ou des feuilles, lorsque le vent du nord donne lieu de les appréhender. Dans les pays septentrionaux, on commencera l’opération à la mi-Février, & on plantera au commencement de Mars, ou plus tard, suivant le climat. Les noyaux doivent être enfoncés à la profondeur de deux pouces ; le trou doit être recouvert avec une terre fine & meuble que l’on ne foulera point ; & à mesure qu’elle s’affaissera, on y en ajoutera de nouvelle, afin que ce trou ne forme pas une espèce de réservoir où l’eau se ramasseroit, & feroit périr la jeune plante.

On connoît trois genres de semis. Dans le premier, les noyaux sont seulement espacés de six pouces les uns des autres, & alors on lève les jeunes plants à la fin de l’année pour les planter en pépinière : si au contraire on veut faire tout de suite sa pépinière, j’insiste à dire qu’il faut planter à trois pieds de distance, & en tout sens. Cette méthode n’est pas celle des pépiniéristes, j’en conviens ; elle exige trop de terrain pour eux ; mais en suivant celle que je prescris, les arbres travailleront plus vigoureusement, les racines ayant plus de place pour s’étendre ; & lorsqu’il s’agira de tirer l’arbre de terre, on ne trouvera pas les racines entrelacées, & on ne sera pas dans la dure nécessité de mutiler celles de l’arbre que l’on veut avoir, & celles des arbres voisins. J’en appelle à l’expérience.

Si vous avez placé vos noyaux à six pouces les uns des autres,