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gras : mais comme ceci regarde les gens de l’art, nous conseillons d’avoir recours à eux dans des cas semblables. Notre tâche est remplie, si nous pouvons empêcher l’emploi des corps gras, prévenir les funestes effets qui suivent leur usage, & laisser encore à l’art des ressources efficaces.

Les abcès intérieurs une fois formés, si l’on est assez heureux pour que le pus se procure une issue facile, il faut bien se donner de garde de troubler cette crise favorable de la nature par des remèdes incendiaires ; les analeptiques, (voyez ce mot) les fruits rouges, si la saison permet l’usage de ces derniers, sont les seuls moyens qui puissent favoriser la nature dans son travail, & empêcher les suites dangereuses.

Pour ce qui regarde les abcès intérieurs de chaque partie, voyez les articles Poumon, Foie, Estomac & autres. M. B.


Abcès, Médecine vétérinaire.

I. De l’abcès en général.
II. Des moyens de le faire aboutir.
III. De l’effet des médicamens gras ou huileux.
IV. Des moyens à employer lorsque la suppuration est lente à s’établir.
V. Des abcès difficiles à percer, relativement à leur position, & des moyens pour y remédier.
VI. Des contre-ouvertures.
VII. Du traitement de l’ulcère formé par l’ouverture de l’abcès.


I. Il vient d’être dit que l’abcès n’est jamais sans inflammation quelconque ; & si l’abcès est considérable, l’inflammation l’est également, & la fièvre survient. Dans ce cas, l’eau blanche ou l’eau acidulée par le vinaigre ou l’eau nitrée, calmeront l’irritation. Cette dernière est plus active que la première, & la première l’est moins que les deux autres. Alors l’abcès acquerra peu d’étendue, & le pus sera louable. Ce cas exige la saignée, si la fièvre & l’inflammation sont trop fortes. Voilà pour le traitement intérieur.

II. Des cataplasmes faits avec la farine ou la mie de pain bien divisée, à laquelle on peut ajouter le safran, la pulpe de l’oignon de lys blanc, la verveine, la pariétaire, toutes les espèces de mauves, les épinards, l’arroche, le seneçon, ou telles autres herbes émollientes, seront appliquées sur l’animal, & soutenues par des bandages & ligatures analogues à la partie sur laquelle l’abcès se manifeste. (Voyez le mot Bandage)

III. Si au contraire vous employez les médicamens huileux ou les onguens qui ont pour base l’huile ou le beurre, ou les graisses ou la cire, vous ne tarderez pas à voir paroître une suppuration trop abondante, un pus de mauvaise qualité, la plaie résultante de l’abcès avoir la plus grande peine à se cicatriser, & quelquefois la gangrène succéder à l’inflammation. Tel est l’effet mécanique & nécessaire de l’application des corps gras & huileux, & la cause de l’opiniâtreté des plaies les plus simples à se cicatriser. Cette assertion paroîtra pour le moment un paradoxe à la multitude, puisqu’elle est diamétralement opposée à la pratique ordinaire de ceux qui se livrent à l’art de guérir ; cependant nous osons promettre de la porter jusqu’à la