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surtout si on a été prodigue de remèdes.


ABATTIS, se dit de la coupe d’un bois ou d’une forêt, permise par les officiers d’une gruerie, ou par ceux des maîtrises des eaux & forêts.

Plusieurs personnes pensent que cette coupe doit être faite en décours de la Lune. Aux articles Bois & Lune, on établira ce qu’il convient de penser sur cette opinion. Coupez après que le vent du nord aura régné assez longtemps pour resserrer les pores du bois ; coupez par un temps sec ; enlevez tout de suite l’écorce de l’arbre ; dressez-le aussitôt, & encore mieux, placez-le sous un hangar, s’il est possible, pour le mettre à couvert de la pluie. Soyez sûr que le bois se durcira & ne sera jamais vermoulu.


ABATTRE un cheval ou le renverser par terre, Médecine vétérinaire. Choisir le lieu où l’on veut faire tomber l’animal, examiner s’il est bien plat & uni, ensuite le couvrir d’une ou de deux bottes de paille, sont les premiers soins à avoir. Si l’animal tombe sur un corps trop dur ou sur quelque éminence, il peut se blesser ; & quand même cela n’arriveroit pas, il convient qu’il soit mollement étendu. Au paturon de chaque jambe, on attache une entrave de cuir, garnie de sa boucle pour le fixer, & d’un anneau de fer pour y passer la corde, comme on le dira dans la suite. La boucle & l’anneau doivent être en dehors. Un aide tient une longue corde, en fixe un bout à l’anneau du paturon de devant, passe la même corde dans les deux anneaux de derrière, la ramène dans l’anneau de la jambe de devant & enfin dans le premier anneau : alors tirant subitement cette corde, les quatre jambes se rapprochent, & l’animal tombe, n’ayant plus de véritable point d’appui. Aussitôt un autre aide se jette sur son col, le saisit par la crinière, tandis qu’un second le saisit par la queue pour l’empêcher de se relever. Ce travail a lieu toutes les fois que l’animal doit subir une opération chirurgicale, ou longue, ou douloureuse ; ou lorsqu’il est difficile de le ferrer sans danger.


Abattre l’eau, Médecine vétérinaire. Il n’est pas prudent, lorsqu’un cheval ou un mulet, ou tel autre animal revient du travail & sue, de le laisser dans cet état, exposé à l’action de l’air, ni même simplement renfermé dans une écurie ; il est à craindre que la sueur & la transpiration ne soient arrêtées & ne refluent dans la masse des humeurs. Les résultats en sont toujours dangereux, & on ne doit jamais perdre de vue que c’est par de petits soins & des soins multipliés, qu’un maître parvient à conserver les animaux les plus utiles pour l’exploitation de ses terres. Un valet doit prendre un couteau de chaleur & abattre l’eau depuis la tête jusqu’aux pieds. Le couteau de chaleur n’est autre chose qu’un vieux morceau de lame de couteau ou d’une vieille faulx, avec lequel il fait couler la sueur, en frottant de haut en bas la peau de l’animal. Après cette première opération, il