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en lui, elle est dans la tragédie de son art et de sa vie.

Art et vie sont unis. Jamais œuvre ne fut plus intimement mêlée à la vie ; elle a presque constamment un caractère autobiographique ; depuis l’âge de vingt-cinq ans, elle nous fait suivre Tolstoï, pas à pas, dans les expériences contradictoires de sa carrière aventureuse. Son Journal, commencé avant l’âge de vingt ans et continué jusqu’à sa mort[1], les notes fournies par lui à M. Birukov[2], complètent cette connaissance et permettent non seulement de lire presque jour par jour dans la conscience de Tolstoï, mais de faire revivre le monde où son génie a pris racine et les âmes dont son âme s’est nourrie.


Une riche hérédité. Une double race (les Tolstoï et les Volkonski), très noble et très ancienne, qui se vantait de remonter à Rurik et comptait dans ses annales des compagnons de Pierre le Grand, des généraux de la guerre de Sept Ans, des héros des luttes napoléoniennes, des Décembristes, des déportés politiques. Des souvenirs de famille, auxquels

  1. À part quelques interruptions, — une surtout, assez longue, entre 1865 et 1878.
  2. Pour sa remarquable biographie de Léon Tolstoï : Vie et Œuvre, Mémoires, Souvenirs, Lettres, Extraits du Journal intime, Notes et Documents biographiques réunis, coordonnés et annotés par P. Birukov, revisés par Léon Tolstoï, traduits sur le manuscrit par J.-W. Bienstock, — 4 vol. éd. du Mercure de France.
    C’est le recueil de documents le plus important sur la vie et l’œuvre de Tolstoï. J’y ai abondamment puisé.