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NÉCROLOGIE

M. SALICIS

Nous ne pouvons laisser partir sans un hommage de profond respect et de gratitude l’inspecteur général qui vient d’être enlevé à l’Université, le 1er décembre dernier, M. Salicis.

Tous nos lecteurs savent avec quelle ardeur et avec quelle persévérance obstinée M. Salicis s’est consacré en France depuis quinze ans à l’introduction d’abord, et puis à l’organisation du travail manuel dans l’enseignement primaire. C’est à lui, on peut le dire sans nulle exagération, qu’est dû le mouvement d’opinion qui, longtemps enfermé dans une minorité, a fini par obtenir gain de cause dans le Parlement. Sans les efforts incessants de M. Salicis, nos lois scolaires ne contiendraient peut-être pas encore l’article si nouveau qui met le travail manuel et le maniement des outils usuels au rang des connaissances utiles à tout élève de l’école primaire élémentaire ou supérieure. Non content d’avoir été le promoteur et l’initiateur de l’idée, M. Salicis a consacré les dernières années d’une vie déjà si honorablement remplie à en suivre, dans le vif détail, l’organisation, ayant souci à la fois de l’installation matérielle, de la rédaction des programmes, du choix du personnel, des progrès à réaliser, des déviations à prévenir, des succès à assurer. Le nom de M. Salicis a sa place marquée dans l’histoire de notre enseignement national. Et le souvenir de sa bonté, de son dévouement, de son action si vigilante, si consciencieuse et si bienveillante, restera cher à tous ceux qui l’ont connu.

À tous ces titres au respect du corps enseignant et à la reconnaissance de l’administration, qu’il nous soit permis de le rappeler d’un mot, M. Salicis en joignait un autre : on a pu voir à ses obsèques, en tête du cortège, de longues files d’enfants des deux sexes, orphelins et orphelines, et derrière eux de nombreux jeunes gens, apprentis et ouvriers, qui avaient quitté leur atelier pour accompagner à sa dernière demeure l’homme à qui ils doivent leur éducation, l’un des fondateurs et le président de l’Orphelinat de la Seine, cette institution née pendant le siège de Paris, et dont les bienfaits se sont étendus depuis lors à des centaines d’enfants.

Nous insérons ci-dessous une courte notice biographique sur M. Salicis qu’on lira sans nul doute avec intérêt.

Gustave-Adolphe Salicis est né à l’île d’Aix (Charente-Inférieure), 17 juin 1818.