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LA PRESSE ET LES LIVRES

égards qu’on le répandît le plus possible, afin de provoquer dans notre pays un mouvement de retour vers le grand art national.

» Après élimination de quelques morceaux dont les paroles n’avaient pas un caractère pédagogique, cet ouvrage nous a fourni presque tous les matériaux nécessaires à la composition de volumes spécialement destinés aux bibliothèques des écoles normales et aux bibliothèques pédagogiques.

» Ces nouveaux recueils auront une triple utilité :

» 1° Certains morceaux procureront aux élèves l’occasion d’une étude attrayante faite « volontairement » en dehors des classes de musique, à titre de « récréation ».

» 2° Dans l’examen musical qu’il nous paraîtrait nécessaire de faire subir aux élèves à leur sortie de l’école normale, pour contrôler les progrès qu’ils ont dû faire après trois ans d’étude, chacun d’eux devrait interpréter un de ces morceaux devant le jury. On choisira pour cela les plus faciles.

» 3° Enfin ce précieux répertoire servirait au professeur à donner des notions d’histoire de l’art, en s’appuyant sur des exemples pratiques. On apprendrait ainsi la musique autrement et mieux. »

Cambodge et Siam : Voyage et séjour aux ruines des monuments Kmers, par le capitaine Filoz ; Gédalge, éditeur, 1889. « Nous avons réuni dans ces pages, sans aucune prétention, quelques notes prises au cours du voyage et recueillies dans des lettres. Nous réclamons toute l’indulgence du lecteur pour un récit qui n’a qu’un mérite, celui d’être vrai. »

Cette courte préface donne une idée exacte de la manière dont a été composé l’intéressant ouvrage de M. Filoz. L’auteur n’a pas eu la prétention de donner au public une œuvre littéraire, et, avant d’écrire, il n’a certainement pas repassé, dans un traité de rhétorique, le chapitre sur l’art des transitions, art si délicat, si difficile et si cher aux lettrés. C’est un voyageur à l’esprit ouvert et attentif, qui passe, observe et jette sur son calepin une note rapide. La phrase est, en général, courte, brusque, hachée, mais l’observation est juste, l’expression pittoresque et vraie.

L’auteur veut-il donner une idée de la fertilité du sol à Saïgon, la phrase suivante lui suffit : « La végétation est si puissante qu’en semant une graine, on peut avoir un énorme chou dix jours après. » C’est tout, mais on est renseigné. Quel horticulteur n’envierait un pareil terrain, et ceux dont les rêves d’ambition se bornent à « planter leurs choux » choisiraient peut-être les environs de Saïgon pour s’y livrer à cette occupation si, quelques lignes plus bas, l’auteur n’ajoutait en passant : « Le climat de la Cochinchine est un des plus meurtriers du monde. Il suffit, à certaines heures, d’avoir la nuque découverte pour tomber foudroyé ». Cela donne à réfléchir.